Édito n°73
“La même poussière sur les épaules”
Ils inspirent le respect. Quittant sur le champ leur emploi, leur famille, leurs loisirs, les sauveteurs spécialisés en secours de catastrophe savent se rendre disponibles sans délai et se projeter en tous points du globe en seulement quelques heures. Ils viennent de partout en Europe mais aussi du Salvador, d’Inde, de Chine…
« Nous avions tous la même poussière sur les épaules », relate l’un des sauveteurs dont nous avons pu recueillir le témoignage (lire les pages 40 à 45 notre dossier consacré au séisme qui a endeuillé la Turquie et la Syrie le 6 février dernier).
Mus par le même engagement, par la même détermination, ils prennent tous le risque de ne pas revenir. Bien que prudents, ces sauveteurs explorent des décombres en millefeuille, par nature instables. Sans compter les éventuelles répliques…
Heureusement, les efforts n’auront pas été vains. Des rescapés ont été sortis de leur prison de métal et de béton. C’est pour ces instants suspendus que les sauveteurs bravent tous les dangers.
Grâce aux technologies modernes, les spécialistes parviennent désormais à identifier des poches de vie jusqu’à dix mètres sous les décombres. Une technologie à double tranchant qui impose aux sauveteurs la vision de ces poches dans lesquelles les vies s’éteignent les unes après les autres, sans possibilité d’agir tant la tâche se révèle longue et ardue.
On aimerait pouvoir dire « plus jamais », mais en l’espèce cette prédiction se révèlera vite futile. Comme bien d’autres, cette catastrophe était prévisible et sans doute en grande partie évitable. Dans ces régions fortement sismiques, les constructions devraient toutes bénéficier des normes les plus strictes en matière de tremblement de terre. Les solutions existent. Mais force est de constater qu’elles ne figurent pas au tableau des priorités de notre monde…
Nicolas Lefebvre