Marché

Tous les acteurs du secours à victime utilisent des équipements de protection individuelle (EPI) dans le cadre de leurs activités. Un même besoin de protection qui masque néanmoins de profondes disparités dans les pratiques des structures d’emploi. D’autant que les usages au sein d’un même service de secours changent parfois aussi en fonction de la zone géographique… Ambulanciers, SAMU, sapeurs-pompiers et secouristes associatifs disposent d’équipements spécifiques. Casques, lunettes, vêtements de protection, gants, chaussures : ces équipements ont enregistré ces dernières années de tels progrès en matière de protection, de résistance, de confort, et de visibilité que nos anciens auraient aujourd’hui bien du mal à reconnaître les EPI qu’ils utilisaient voici 40, 30, et même 20 ans… Si les EPI ont gagné en performances, les acteurs qui les utilisent nagent dans un certain flou réglementaire. Un flou qui nuit au développement de ce marché pourtant à la pointe de la technologie.

Sécurité civile, gendarmerie nationale, SAMU/SMUR : plusieurs services se partagent le secours aérien. Dans un contexte économique difficile, une optimisation de l’organisation des moyens semble plus que jamais nécessaire. La
meilleure coordination entre les services a aussi pour but d’améliorer l’efficacité opérationnelle afin que les victimes aient les mêmes chances quel que soit le lieu de leur prise en charge. Dans cette optique, les acteurs du secours aérien disposent de moyens techniques toujours plus performants et polyvalents pour intervenir rapidement sur des sites parfois difficiles d’accès. Lors de leurs missions sur le territoire national ou à l’étranger, ils sont capables
avec leurs appareils de réaliser des interventions nocturnes ou dans des conditions météorologiques difficiles. Le transport a lui aussi progressé, améliorant notamment la médicalisation des patients. De nouveaux dispositifs de formation voient le jour dont « Sim Helimed », le premier centre de simulation au secours médical héliporté.

La vague numérique a emporté nombre d’acteurs du secours et de l’urgence. SDIS, Samu, unités de la Sécurité civile : beaucoup de ces protagonistes ont basculé sur le réseau Antares. Ce paysage est cependant plus contrasté au niveau des associations agréées de sécurité civile. Malgré des avancées évidentes en matière de transmission interservices, des points noirs subsistent. Les services de secours disposent de solutions informatiques très disparates. Cette hétérogénéité ne facilite pas les échanges et peut avoir des répercussions sur la qualité de la prise en charge. Mais en parallèle, les progrès techniques sont évidents. Dans les salles de régulation, les équipements informatisés simplifient la réception et le traitement d’appels toujours plus nombreux. Sur le terrain, les secouristes bénéficient de matériels informatiques embarqués. Tablettes numériques et lunettes de télémédecine sont autant d’équipements qui vont révolutionner le domaine du secours. Reste à régler la question du débit. Sur ce point, la technologie LTE (Long Term Evolution) s’annonce prometteuse.

Les techniques de sauvetage-déblaiement ont fait leur apparition lors des bombardements d­­e la Seconde Guerre mondiale. Les équipes de recherche et de sauvetage en milieu urbain (aujourd’hui dénommées USAR pour « Urban Search and Rescue ») interviennent notamment pour porter secours aux personnes prisonnières des décombres, à la suite d’un tremblement de terre ou d’un effondrement par exemple. Ces sauveteurs disposent d’équipements particuliers : matériels d’écoute (géophones et géostéréophones), détecteurs de mouvements, caméras Vibrascope, télémètres, etc. Pour percer et découper les obstacles, les intervenants sont amenés à utiliser certains équipements issus du secteur du BTP (tronçonneuses, scies, torches plasma…). Mais lors de missions à l’étranger, les acteurs du secours ne peuvent compter que sur un nombre limité de moyens. Une contrainte qui les oblige à choisir
des matériels polyvalents auxquels ils doivent s’adapter pour intervenir au mieux en situation dégradée.

En France, les défibrillateurs automatiques externes (DAE) naviguent en eaux troubles. Le flou prévaut sur de nombreux points, et un électrochoc s’avère nécessaire. Premier constat : personne ne sait précisément combien d’appareils ont été implantés depuis l’ouverture du marché en 2007. La traçabilité des dispositifs apparaît de fait incertaine. Que penser de la matériovigilance ? Les questions liées à la maintenance n’ont pas non plus été éclaircies. Chacun peut ainsi apporter sa propre définition et appliquer des exigences très disparates. Le besoin de réponses est d’autant plus prégnant que plusieurs acteurs du secteur l’ont constaté : de nombreux DAE posent problème. Là encore, impossible de quantifier le phénomène, mais il apparaît suffisamment important pour s’en préoccuper. Il ne faudrait pas faire oublier les progrès techniques constatés ces dernières années.

L’actualité l’a encore démontré : le territoire national est plus que jamais exposé aux épisodes d’inondation. État, administrations, élus, citoyens : nous sommes tous concernés
par ces phénomènes dont l’ampleur semble s’accentuer au fil des années. Face au risque de montée des eaux, les actions de préparation et de prévention sont essentielles pour limiter au mieux leur impact. Sapeurs-pompiers, forces de sécurité civile, brigades fluviales, réservistes : de nombreux secouristes sont en première ligne lors des crues. Malgré les contraintes budgétaires auxquelles ils sont soumis, les services de secours ne cessent de chercher les moyens techniques adaptés aux spécificités rencontrées lors de leurs interventions. Embarcations, jet-skis, planches de sauvetage, motos marines, barrages anti-inondation, civières aquatiques : les solutions sont multiples pour tenter d’améliorer la prise en charge des victimes.

” Depuis 2015, la Commission européenne bloque systématiquement la parution de normes incluant des seuils de performance. “

Les acteurs du secours sont rarement cités comme ayant joué un rôle dans la baisse de la mortalité routière engagée voici plus de quarante ans. Or, si la médecine a progressé et permis de sauver plus de vies sur le bord des routes, les secouristes ont sans nul doute participé à cette amélioration de la prise en charge. Alors qu’au fil des années, l’objectif reste le même – extraire le plus rapidement possible les victimes d’accidents routiers en toute sécurité –, les spécialistes du secours routier ont su adapter leurs pratiques face à des véhicules nouvelle génération plus résistants et munis de moteurs hybrides ou électriques. Dotés d’équipements de désincarcération performants, les intervenants ont ainsi fait évoluer leurs techniques de désincarcération. Ils peuvent également compter sur la collaboration des constructeurs automobiles français qui leur fournissent des informations précieuses, ainsi que des véhicules pédagogiques, outils modernes incontournables pour réaliserdes formations toujours plus proches de la réalité.

Face à la menace attentat, les secours s’organisent. Le sujet reste sensible et beaucoup ne souhaitent pas communiquer. Mais une chose est sûre : les services sont contraints de faire l’acquisition de nouveaux matériels, comme des gilets pare-balles ou des casques de protection balistique. Les kits destinés à la prise en charge d’hémorragies ont aussi été renforcés. Une réponse qui se projette également dans l’avenir avec la préparation d’un projet de simulation virtuelle novateur.

La robotique n’est plus l’apanage du futur. Qu’ils évoluent dans les airs, sur terre ou en mer, les drones sont une réalité bien tangible du présent. Les acteurs du secours ont d’ailleurs commencé à se doter de ces matériels à la pointe de la technologie qui ont la même vocation : soustraire l’être humain du danger et le préserver des risques et de la fatigue. Pour les intervenants du secours, les machines vont de surcroit permettre de repousser les frontières opérationnelles, d’autant que leur champ d’applications est très large. Face à ces équipements encore jeunes dans leur usage, de nombreuses interrogations subsistent néanmoins en matière de réglementation et de doctrine. Les retours d’expérience permettront d’apporter des réponses. Alors que d’autres questions liées à l’interface entre l’homme et la machine ne manqueront pas de se poser encore à l’avenir…