Marché

Lors d’une intervention de grande ampleur nécessitant l’engagement de nombreux moyens, la chaine de commandement est à l’œuvre. Du terrain à la régulation, les acteurs du secours et des soins d’urgence ont aujourd’hui à leur disposition des équipements modernes : véhicules poste de commandement (VPC) munis d’outils de communication dernier cri, et logiciels d’aide à la décision qui simplifient les procédures et fournissent une visibilité opérationnelle à l’ensemble des secours en permettant notamment le partage d’informations en temps réel. Reste encore à l’ensemble des professionnels à franchir le pas pour se doter de ces supports conçus pour traiter au mieux le flux d’informations inhérent aux opérations complexes. Car, ces dispositifs soulèvent certaines inquiétudes quant à leur complexité.

Alors qu’une nouvelle association a vu le jour fin 2017 visant à faire avancer les problématiques inhérentes au secteur de la défibrillation, ce dernier est en quête d’une nouvelle impulsion. Le changement de réglementation européenne – qui fait du défibrillateur automatisé externe (DAE) un dispositif de classe III – va certainement contribuer à assainir le marché à l’avenir. Cette évolution ne saurait pourtant masquer la réalité : le marché du DAE est à un tournant. De nombreux appareils installés arrivent à péremption. S’ils devaient être utilisés demain, ils risqueraient d’être inopérants compromettant gravement les chances de survie d’une personne en arrêt cardiaque. Au vu de sa situation, le marché a besoin d’être réorganisé afin que le défibrillateur devienne enfin ce qu’il est : un vrai sujet de santé publique.

Le secours à personne inclut des actes secouristes, paramédicaux, médicaux et… pharmaceutiques. Les pharmaciens accomplissent une kyrielle de missions qui ont une incidence directe sur la qualité des soins apportés aux victimes. Au début des années 2000, les SDIS se sont structurés autour de pharmacies à usage intérieur (PUI). Ces « officines » pompiers visent à fournir les conditions optimales aux « gardiens des poisons » afin que ces derniers garantissent la sécurité du circuit du médicament. Des problématiques encore plus contraignantes lorsque les produits de santé sont acheminés lors d’opérations extérieures.

Le monde de l’ambulance est confronté à des contraintes de poids. Alors que les carrossiers ont dû intégrer la norme Euro 6 qui les oblige à innover pour ne pas alourdir les véhicules et franchir la limite du poids total autorisé en charge (PTAC) de 3,5 tonnes, les intervenants font de plus en plus d’interventions bariatriques. Les acteurs du secours s’adaptent en conséquence avec l’acquisition de véhicules et de brancards dédiés. Et bénéficieront très prochainement d’ambulances entièrement modulables et connectées.

Nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosif. Le risque NRBC-E recouvre plusieurs menaces protéiformes. En 1995, l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo produit un électrochoc. Les services de l’Etat réagissent notamment en dotant les acteurs du secours de premières tenues de protection dédiées. En 2001, l’attentat du World Trade Center et l’explosion de l’usine AZF à Toulouse (31), suivis dix ans plus tard par l’accident nucléaire de Fukushima au Japon, ont démontré la subsistance de la menace. Un péril d’autant plus redouté que le risque d’attentat persiste en France. Outre une doctrine mise en place au début des années 2000, les intervenants spécialisés peuvent s’appuyer sur des équipements de détection, de décontamination et de protection toujours plus performants.

Coupures, chocs, écrasements, glissades, choc thermique, ampoules, mycoses, ongles incarnés… Les pieds des acteurs du secours peuvent être soumis à rude épreuve surtout lorsque ces derniers portent leurs chaussures de sécurité de manière prolongée et interviennent sur des terrains et dans des conditions climatiques difficiles. Pour autant, un constat s’impose : la culture de prévention en matière de protection est très inégale selon le profil et les activités de chacun. Pour certains, les chaussures ne sont tout simplement pas un équipement de protection individuelle. Pour preuve, beaucoup sont dotés de simples baskets. Et le critère économique ne saurait expliquer à lui seul un tel phénomène alors que les fabricants ne cessent d’innover pour proposer des chaussures alliant toujours plus de sécurité et de confort.

Logiciels d’aide à la décision, tablettes tactiles embarquées, lunettes connectées, applications mobiles… Depuis quelques années, les outils numériques font partie intégrante du quotidien des acteurs du secours et des soins d’urgence. Si la plupart d’entre eux sont convaincus des bénéfices de la technologie dans la prise en charge des victimes, certains néanmoins freinent des quatre fers, quand d’autres soulignent une nécessité de simplification. Ambition affichée : renforcer la réactivité et l’efficacité des intervenants de terrain, réduire les inégalités territoriales et optimiser le parcours de soins.

Les dispositifs de simulation se sont multipliés ces dernières années. Opérations de sauvetage maritime, conduite à la situation d’urgence, simulations médicales extra hospitalières, sauvetage déblaiement, intervention multi victimes… les possibilités sont grandes. Alors que les acteurs du secours et des soins d’urgence ont de tout temps réalisé des exercices de mise en situation utilisant le plus souvent des mannequins, des plus basiques aux plus perfectionnés, la tendance est aujourd’hui à l’immersion. Les casques de réalité virtuelle ou augmentée plongent les apprenants dans des contextes toujours plus réalistes, capables de reproduire fidèlement un
environnement ainsi que les contraintes opérationnelles des intervenants.
Pédagogique et ludique, la simulation n’en soulève pas moins de nombreuses
questions…