Édito n°86
Le prix du développement durable
Entre le marteau et l’enclume. C’est la position actuelle des services achats des pouvoirs publics : d’un côté incités à prendre en compte le développement durable et, de l’autre, contraints par des restrictions budgétaires… La loi Climat et résilience parue le 22 août 2021 impose en effet à l’ensemble des autorités publiques une prise en compte plus large du développement durable sous toutes ses facettes : économique, sociale et environnementale (lire notre dossier pages 16 à 24). Dès 2026, ces règles, jusqu’alors suggérées, deviendront obligatoires. Une course contre la montre parsemée d’embûches…
Alors que certains fournisseurs hexagonaux jouent le jeu du développement durable, ils peinent encore à faire valoir ces arguments face à une commande publique toujours très centrée sur le prix. Le paradoxe ? En avance par rapport aux critères retenus par l’administration, ces fournisseurs se trouvent en difficulté face à une concurrence qui n’a pas suivi le même modèle. De leur côté, certains services achats des SDIS se sont mis en ordre de marche pour imposer des protocoles plus restrictifs, mais ils sont loin de représenter la majorité. Pour preuve, l’ensemble des SDIS ont été récemment sollicités par le ministère de l’Intérieur pour répondre à un questionnaire sur leur pratique en la matière. Seuls 30 % ont répondu…
Par ailleurs, s’il est relativement simple de mettre en place des critères de sélection – bien que cela réclame de nouvelles compétences et des moyens complémentaires –, il semble plus complexe encore de vérifier la réalité des promesses avancées par les fournisseurs.
Enfin, pour bien faire, ne faudrait-il pas prendre en compte l’impact écologique de l’ensemble de la filière de l’urgence pré-hospitalière, par définition très marquée par les déplacements ? Entre géolocalisation des ambulances, optimisation de l’analyse des départs, et réduction de l’impact écologique des véhicules, les pistes de progression ne manquent pas !
Nicolas Lefebvre