Edito

Édito n°84

A l’heure des “méga” catastrophes

Alors que nous bouclons ce numéro, la Californie s’embrase depuis déjà dix jours sans que les sapeurs-pompiers ne parviennent à éteindre ces « méga-incendies ». Vents violents et sécheresses ne font décidément pas bon ménage. Le brasier étant sans cesse alimenté par des vents chauds et secs. Après son passage, le feu laisse place à un paysage de désolation où seules les cheminées de quelques maisons restent debout. Au pays d’Hollywood, les studios n’auraient sans doute pas fait mieux pour le décor de leur dernier blockbuster post-apocalyptique.

Sur la planète bleue, réchauffement climatique rime décidément avec dramatique. Après les terribles inondations de la région de Valence en Espagne fin octobre, c’est Chido qui ravageait Mayotte le 14 décembre dernier. Des pluies diluviennes (176 mm en 12 heures) et des vents (atteignant 226 km/h) ont ainsi balayé l’archipel, littéralement dévasté par ce cyclone tropical. Dans ce département français isolé de l’océan Indien, environ 100 000 personnes vivaient dans des bidonvilles dans des conditions des plus précaires. Un drame qui a donné lieu à de vastes opérations de secours (lire notre Immersion pages 22 à 33). Vous apprendrez notamment que l’anticipation de la Sécurité civile a semble-t-il été optimale. Des équipes ayant été mobilisées une semaine avant les évènements. Autre enseignement : les victimes ne se sont que très peu déplacées vers les hôpitaux de campagne mis en place par les autorités. Ces dernières auront même dû revoir leurs process opérationnels et inventer une nouvelle doctrine, baptisée « aller vers ».

Plus que jamais, la prévention, la préparation et l’anticipation devraient s’imposer comme les maîtres mots de nos sociétés. A l’évidence, le même cyclone n’aurait pas engendré les mêmes dégâts en frappant des habitations solides… Afin de mettre en perspective ces catastrophes, nous consacrons un large dossier à la politique préventive du risque inondation (lire notre Enquête pages 34 à 57).

Le réchauffement climatique a ceci de particulier que des pluies diluviennes peuvent se déverser dans une région en un temps très court alors qu’une terrible sécheresse provoque des méga-feux à l’autre bout du monde. Le vocabulaire lui-même est en train d’évoluer. Les pompiers, qui aiment à se requalifier « soldats du climat », n’hésitent en effet plus à accoler « méga » aux feux comme aux inondations. Bienvenue dans un monde de superlatifs.

Nicolas Lefebvre

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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