Edito

Édito n°83

Les secours espagnols sous l’eau

« L’inondation du siècle ». C’est ainsi que les habitants qualifient la vague qui a déferlé dans la région de Valence au soir du mardi 29 octobre dernier. Au cours de cette « goutte froide », plus de 40 cm d’eau sont tombés en quelques heures. L’équivalent d’une année entière de précipitations. Alors que l’on peine habituellement à repérer la rivière locale, la Barranco del Gallo, celle-ci s’est transformée en un flot dévastateur emportant tout sur son passage : voitures, routes et maisons… A l’heure où nous bouclons ce numéro, le bilan, toujours provisoire, fait état de 218 morts et le nombre de portés disparus, une semaine après cette catastrophe, n’est toujours pas connu. Les secours poursuivent leurs investigations, en particulier dans les parkings souterrains toujours inaccessibles.

Sur place, la stupeur laisse rapidement place à la colère devant l’absence de prévention et de moyens mis en place dans les premières heures pour secourir la population. Une alerte météo avait pourtant été lancée plusieurs jours auparavant, mais les autorités se voulaient plutôt rassurantes devant la situation longtemps calme dans les grandes villes. Sauf que c’est la quantité d’eau qui s’est déversée en amont qui a ensuite ruisselé dans la vallée. Alors que les inondations étaient déjà importantes à 19h, ce n’est qu’à 20h que les SMS d’alerte sont finalement envoyés. S’en est suivie une mobilisation modeste des secours, les autorités centrales et locales se renvoyant la balle… Les autorités qui se déplacent sont accueillies aux cris d’« assassins ». Cet évènement a soulevé une vague de solidarité à la hauteur de celle qui a dévasté la région. A tel point que les routes ont, un temps,été bloquées par l’afflux de bénévoles venus prêter main forte aux victimes.

Alors que la population évacue encore la boue qui a tout submergé ce terrible mardi soir, un flot de questions demeure. Faudra-t-il demain repenser les paysages et revenir sur l’artificialisation des sols ? Le réchauffement climatique risque-t-il d’aggraver encore ces catastrophes et dans quelle mesure ? Pourquoi le système d’alerte a-t-il si mal fonctionné ? Pourquoi les secours ne sont-ils pas parvenus plus rapidement sur place ? Comment mieux encadrer les bénévoles spontanés ? A la faveur d’un premier retour d’expérience, nous ne manquerons pas d’y revenir dans notre prochain numéro.

Nicolas Lefebvre

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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