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Technique d’urgence #36 – Pose d’une voie intra-osseuse : le dispositif EZ-IO®

De nombreuses situations nécessitent la mise en place rapide d’un abord vasculaire. Depuis 2010, les recommandations internationales confirment l’intérêt de la Voie intra-osseuse (VIO) en la plaçant au même niveau de priorité que la Voie veineuse périphérique (VVP) comme abord vasculaire chez les patients en arrêt cardio-respiratoire. Toutefois la VIO a d’autres indications, même chez les patients conscients.

Texte et photos : Nicolas Beaumont

 

Indication

Patient en arrêt cardiaque, après un échec de pose de VVP ou âgé de moins d’un an. Patient grave sur lequel les tentatives de pose de VVP ont échoué.

Contre-indication

Fracture du membre perfusé, infection locale, prothèse ou matériel d’ostéosynthèse présent sur l’os d’abord intra-osseux, maladie osseuse congénitale (relative), obésité morbide définie par un BMI supérieur à 35 (relative).

 

Démonstration effectuée et validée par le Dr Maud Michaloux (SAMU 75)

1 Installer l’aiguille sur la perceuse. Mettre des gants à usage unique. Désinfecter la peau selon les mesures d’antisepsie classique. Placer l’aiguille stérile adaptée au site de pose et à la morphologie sur la perceuse.

ez io

 

2 Repérer le site de pose. 1/ Humérus : poser sur la partie proximale sous la tête humérale. 2/ Tibia : se repérer à l’aide de la tubérosité tibiale et se déplacer à 1-2 cm sur la face interne du tibia au niveau de la zone plate.

os

 

3 Percer perpendiculairement au site de pose. Introduire l’aiguille dans la partie cutanée. Démarrer la perceuse au contact de l’os et percer jusqu’à la perte de résistance : franchissement de la corticale.

pose du dispositif

 

4 Retirer le mandrin. Retirer la perceuse puis le mandrin en laissant le dispositif de perfusion en place.

mandrin

 

5 Placer le dispositif de protection. Mettre en place le pansement de fixation fourni par le constructeur pour maintenir le dispositif de perfusion.

protection

 

6 Purger le prolongateur. Purger le prolongateur puis le connecter au dispositif de perfusion.

prolongation

 

7 Dilater la poche intra-médullaire. Connecter une seringue. Vérifier le reflux de sang en aspirant. Pousser au moins 10cc de solution pour dilater la poche intra-médullaire. Cette étape peut être douloureuse.

os

 

8 Débuter la perfusion. Adapter une ligne de perfusion complète, purgée, placée dans une poche de contre-pression gonflée sur le prolongateur du kit. La ligne de perfusion s’utilise comme une VVP.

perfusin

 

Maud Michaloux

Témoignage médecin

Dr Maud Michaloux, SAMU de Paris

Un abord vasculaire simple et rapide

La perfusion intra-osseuse est possible grâce au principe de vascularisation des os longs : la moelle contient un réseau vasculaire très riche qui ne se collabe pas, même en cas de choc. Tous les solutés et molécules sont injectables, aux mêmes posologies que la voie intraveineuse. Le remplissage est également possible avec un débit comparable à un cathéter veineux de calibre moyen. Autre avantage, la pose d’une VIO se réalise en quelques secondes. La plupart des poses sont réalisées chez des patients inconscients. Toutefois, les patients conscients indiquent une douleur, non pas au moment du perçage, mais au moment du remplissage de la poche intra-médullaire. La facilité de mise en œuvre en fait une technique particulièrement prisée dans les pays anglo-saxons, notamment des paramédics américains. Enfin, retirer le dispositif est simple et rapide.

 

Référence bibliographique Frédérique Vicens. Evaluation de l’utilisation de la voie intra-osseuse en médecine d’urgence pré-hospitalière. Médecine humaine et pathologie. 2014. <dumas-01143913>

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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