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35e flottille de La Rochelle : quand la vie ne tient qu’à un câble

Le secours n’est pas l’apanage des acteurs de la Sécurité civile. Preuve en est, la 35e flottille de la Marine nationale se tient prête à chaque instant pour répondre aux appels de détresse venus du grand large.

 

Sur l’emprise de l’aéroport de La Rochelle (17), rien ne laisse présager de la présence d’une unité de sauveteurs en mer très particulière : la flottille 35F de l’aéronautique navale. Problématiques attentats obligent, la discrétion est de mise. Derrière une grille, un simple préfabriqué et un immense hangar, sans indications particulières. Dans ce dernier est pourtant posté un hélicoptère SA 365N Dauphin SP aux couleurs de la Marine nationale. La 35F de La Rochelle est une unité constituée de douze hommes qui se relaient par groupe de six pour tenir des astreintes de deux semaines. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, un pilote, un copilote, un treuilliste, un plongeur et deux mécaniciens au

Leur cœur de métier : le sauvetage et l’assistance technique en mer

sol sont en alerte pour porter secours par les airs à des embarcations en péril. Leur zone d’action est principalement le grand large, leur cœur de métier : le sauvetage et l’assistance technique en mer. Il est 14 heures quand l’hélicoptère est tracté hors du hangar. Armé de brosses et d’un tuyau d’arrosage, l’équipage se met à nettoyer la machine sous tous les angles. « Le grand nettoyage a lieu une fois par semaine, explique le pilote, le lieutenant de vaisseau (LV) Sylvain Baise. Cette opération est essentielle car quand on survole la mer, l’eau salée portée par les embruns présente un risque de corrosion important. » La maintenance est primordiale pour cette unité de l’aéronavale. Pour une heure de vol, il faut prévoir quatre heures de travail sur l’hélicoptère. « Le principe est d’éviter la panne, car en vol, on ne peut pas se mettre sur le bord de la route pour réparer ou attendre une dépanneuse », plaisante le LV Sylvain Baise.

 

Entraînement intensif

Avec un peu moins de 100 interventions par an, le rythme opérationnel est modéré. Cependant, quand le secours est déclenché, l’opération est d’une technicité extrême et l’erreur n’est pas admise. C’est pour cela que l’unité s’entraîne constamment, avec au moins un vol par jour ou par nuit. À 21h20, l’équipe commence d’ailleurs un briefing pour préparer l’entraînement à venir : un hélitreuillage sur une vedette de la SNSM avec transfert de civière. Le principe de manœuvre est décortiqué et chaque scénario de panne éventuelle est analysé pour anticiper les solutions. À 22h30, l’hélicoptère s’envole, direction les côtes de l’île d’Yeu, où la vedette de la SNSM doit le rejoindre. Il faudra 30 minutes pour se rendre sur place. À 10 mètres des flots, la porte latérale de la machine est ouverte par le treuilliste. Le pilote doit rester en vol stationnaire au-dessus de l’embarcation tout en suivant les mouvements de cette dernière pour permettre au treuilliste de descendre le plongeur sur le pont du bateau, une zone relativement étroite. En cas de réel secours, l’hélicoptère peut être médicalisé, emmenant à son bord un médecin et éventuellement un infirmier qui seront eux aussi treuillés. Toute la difficulté des secours héliportés réside dans les compromis à faire pour disposer de suffisamment de kérosène. Chaque kilo emporté représente des minutes de vol en moins… À 23h10, le plongeur est sur le pont de la vedette et récupère la civière qui a été treuillée après lui. L’exercice réussi, civière et plongeur sont remontés, et l’hélicoptère peut rentrer à la base. Il est 00h30. Avant de rejoindre leur lit, les équipiers opèrent un nettoyage de la machine.

 

         L’opérationnel en chiffres

– 2011 : 93 missions, 45 personnes secourues

– 2012 : 85 missions, 47 personnes secourues

– 2013 : 83 missions, 37 personnes secourues

– 2014 : 95 missions, 58 personnes secourues

– 2015 : 84 missions, 34 personnes secourues

Tout prévoir

Le lendemain, un nouvel entraînement, et donc un nouveau scénario, sont mis en œuvre. « Dans la plupart des cas, un secours se passera sans problème particulier. Notre entraînement consiste notamment à préparer l’intervention pour laquelle nous devrons faire face à un incident, une panne, etc. », explique le pilote. Le vol est prévu à 14h30. Cette fois, le plongeur sera treuillé sur un voilier, dont le mât représente un danger supplémentaire pour l’hélicoptère. Le pilote doit se positionner beaucoup plus haut, et le treuillage en est rendu d’autant plus difficile. À 14h45, l’équipage est dans les airs et se positionne au-dessus du voilier. Le plongeur va cette fois être treuillé sur l’annexe du bateau et va devoir se hisser jusqu’à bord. Une opération délicate, car le souffle produit par l’hélicoptère créé des remous sur l’eau qui peuvent déstabiliser l’annexe. Mais à 14h55, le plongeur parvient sans encombre jusqu’à l’équipage du voilier. L’opération sera réalisée plusieurs fois avant de rentrer à la base. Une fois sur le tarmac, l’inévitable nettoyage se met en branle. Les membes de l’équipage s’installent désormais derrière leurs ordinateurs ou leurs téléphones car ils ont tous un service à gérer en parallèle. Pour ces hommes de terrain, ce n’est pas vraiment le moment qu’ils apprécient le plus. « On n’irait pas jusqu’à souhaiter qu’un accident ait lieu en mer, mais je préfère être en l’air que derrière un bureau », lâchera l’un d’eux du bout des lèvres…  

 

 

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