Thaïlande : des premiers secours métissés !
9500 km séparent la France de la Thaïlande. Pourtant, les différences entre ces systèmes d’urgence sont moins flagrantes que prévues. Inspirés par la France, les Etats-Unis mais aussi l’Australie, les premiers secours Thaïlandais sont riches d’influence. Découvrons à bord d’une ambulance du Narenthorn Center de Bangkok comment interviennent les Thaïlandais.
Un son dans la salle de garde du Narenthorn Center de l’hôpital Rajavithi de Bangkok : on ne peut pas s’y tromper c’est un ronfleur. Le Dr Jirapong, médecin urgentiste à EMS (Emergency Medical Service) interrompt sa phrase de présentation des premiers secours et annonce : « On décale ». Nous allons passer de la théorie à la pratique et les concepts d’ambulances ALS (Advanced Life Support), EMT (Emergency Medical Technician) vont devenir réalité.
Entre la théorie et la pratique, une adaptation asiatique.
1 6 6 9 : voici ce que l’on peut lire en grosses lettres sur la carrosserie de la petite ambulance. Mis en place il y a cinq ans, c’est le numéro d’urgence en Thaïlande, l’équivalent du 15 en France. La fourgonnette Toyota se faufile dans les embouteillages de la capitale thaïlandaise. Comme l’explique le Dr Jirapong « l’une des principales difficultés à Bangkok, ce sont les temps de transport vers le site d’intervention, notamment pendant les heures de pointe ». Alors que la distance d’intervention – 6 km en moyenne – augmente à peine, le temps d’intervention grimpe en flèche. En 2010, 12 minutes étaient nécessaires pour parcourir ces 6 km.
Les secours d’urgence composent avec le public, le privé et les citoyens
Sur le site de l’intervention – une voie rapide du centre ville – la réalité de l’organisation des secours est moins claire que sur le papier. De multiples intervenants sont présents sur cet accident de la route. Un policier fait la circulation, des conducteurs de « moto-taxi » et des passants prêtent main forte à l’équipage de l’ambulance du Narenthorn Center. En quelques minutes seulement, le conducteur du deux roues est pris en charge par le médecin présent dans l’ambulance ALS. Moins de 10 minutes après notre arrivée, le patient est dans le véhicule, en route vers les urgences.
Les secours sont assurés par les pouvoirs publics mais les actions de la communauté sont primordiales souligne le Dr Jirapong
En effet en Thaïlande, l’organisation des secours est articulée par province. Chacune possède un centre d’appel 1669, situé dans l’hôpital le plus important. Ce centre coordonne des véhicules de différents types : BLS et ALS (Basic et Advanced Life Support) et des véhicules d’organisations caritatives. Dans ces véhicules, on trouve différentes compétences calquées sur les modèles US et australiens. On parle donc d’EMT-B (Basic), EMT-I (Intermediate) et EMT-P (Paramedic). Ces cursus sont complétés par des médecins urgentistes, inspirés par les techniques françaises, et en particulier celles du SAMU 92 qui, depuis 1992, travaille en étroite collaboration avec les premiers secours thaïs. En près de 20 ans, ce sont 130 médecins thaïlandais qui ont observé le fonctionnement des SMUR du 92.
Sur le terrain, en discutant avec Tanet et Waorawat – deux EMT – la réalité est un peu différente. Formés EMT-B il y a 13 ans, ils sont issus des premières promotions. Il y a 5 ans, Waorawat est devenu à Bangkok l’un des premiers EMT-I du pays. Lorsqu’ils interviennent dans un véhicule ALS, ils sont souvent accompagnés par une infirmière expérimentée qui fait office d’EMP-I et, si un médecin urgentiste est disponible, l’équipage peut être complété.
Ces différences entre la théorie de l’organisation des secours et sa mise en pratique, Tanet, Waorawat et le Dr Jirapong en sont bien conscients. Réduire l’écart entre théorie et pratique est l’un des enjeux majeurs des premiers secours thaïlandais. Pour cela, il faudra appliquer les processus grâce à plus de personnels formés, mais aussi adapter ces process au terrain.