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Hyper et hypothermie : entre chaud et froid

La Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) organisait le 13 décembre dernier une conférence à l’Ecole du Val-de-Grâce. Au programme : hypo et hyperthermie.

La température est d’abord montée d’un cran. A cela rien d’étonnant. Président de la Société française de médecine de l’exercice et du sport (SFMES), le Pr Xavier Bigard a inauguré la conférence sur la thermorégulation et les pathologies réactionnelles liées à la chaleur. « Il y a un regain d’intérêt ces dernières années pour ces pathologies. L’émergence des problématiques liées au réchauffement climatique explique en partie cet intérêt croissant. » Provoqué par une activité intense prolongée, le coup de chaleur d’exercice (CCE) – majoré par une dette de sommeil et une motivation excessive – peut provoquer des accidents dramatiques. Un phénomène toutefois en baisse chez les militaires en raison d’une meilleure prévention et d’une plus grande sensibilisation des cadres. Comment se prémunir contre de tels accidents ? « L’entraînement doit être progressif. Il faut aussi être attentif à son régime alimentaire et privilégier l’eau, le sucre et le sel. »

 

Un froid protecteur

Après le chaud, place au froid. Un froid qui peut-être protecteur et conduire à des survies exceptionnelles, comme le raconte le Dr Marc Blancher, médecin du SAMU 38. « Plusieurs patients en hypothermie sévère ont été sauvés malgré des temps de « No Flow » importants, à l’image d’Anna Bagenholm qui a survécu en dépit d’une immersion prolongée dans une eau gelée ayant abaissé sa température corporelle à 13,7°C. » Conclusion : il n’y a aucune limite de temps de « no flow » pour toute victime souffrant d’hypothermie. « Personne ne peut être déclaré mort avant d’avoir été réchauffé », martèle le Dr Blanchet.

 

L’exception du traumatisme

Si lors d’hypothermie le froid protège, il en est tout autrement pour les traumatisés. « Sur 2182 patients, on a relevé une mortalité multipliée par quatre lorsque les victimes sont en hypothermie », révèle le Pr Frédéric Lapostolle, directeur médical adjoint du SAMU 93. A leur arrivée à l’hôpital, 2/3 des traumatisés sont en situation d’hypothermie. Pour quelles raisons ? « La saisonnalité et la météo jouent un rôle important. L’état de gravité du patient interfère également : une victime qui a perdu du sang va moins bien s’auto réguler. » Plus surprenant : la prise en charge médico secouriste pourrait être un facteur aggravant. « Il faut éviter des déshabiller le patient à même le sol, hormis lorsque ses vêtements sont mouillés. Il est recommandé de faire un monitorage continu de la température. Pensez aussi à réchauffer vos solutés pour qu’ils soient à une température d’environ 34°C ». Ni trop chaud, ni trop froid, tout est une question d’équilibre.

Personne ne peut être déclaré mort avant d’avoir été réchauffé

 

(Encadré) Boisson énergisante : la bonne solution ?

Depuis quelques années, les boissons énergisantes sont entrées dans les sacs des sportifs amateurs ou professionnels. Présentées au départ comme un remède miracle contre la fatigue pendant l’effort, elles ne sont pourtant pas sans risques pour les consommateurs en raison de la présence de… caféine. « Attention à la caféine ! Elle augmente le risque de survenue coup de chaleur d’exercice », insiste le Pr Xavier Bigard.

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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