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Ile-de-France : pourquoi la future crue majeure constituera un défi inédit pour les secours

En cas de crue centennale en Ile-de-France, les secours devront évacuer les populations les plus exposées. Une opération délicate par son ampleur mais également en raison d’une imprévisibilité des comportements, alerte une étude de l’Institut Paris Région.

Alors que l’exercice « Hydros 25 » vient de préparer les secours à une crue centennale en Ile-de-France, plusieurs inconnues subsistent. Elles tiennent principalement à la hauteur que l’eau atteindra. Celle-ci conditionnant le déclenchement de différents scénarios d’évacuation. Géographe-urbaniste et référent études risques majeurs-aménagement à l’Institut Paris Région, Ludovic Faytre, publie une étude qui montre que la gestion de crise pourrait bien augmenter la vulnérabilité du territoire.

Des évacuations massives

Selon le niveau d’eau atteint, huit scénarios ont été prévus. Tant que la crue ne dépasse pas 6,50 mètres, les évacuations restent maîtrisables : jusqu’à 23 000 personnes à évacuer obligatoirement et 393 000 facultativement. Ensuite, tout s’emballe car les impacts sur les territoires seront exponentiels. Il ne s’agit pas seulement de Paris mais des régions Champagne-Ardenne, en amont, et Normandie, en aval. Si la crue d’élève à plus de 9 m, il faudra obligatoirement déplacer 1,022 million d’habitants et il sera recommandé d’évacuer également 1,233 million.

Premier écueil, les moyens d’évacuation. « Une submersion supérieure à 50 cm rend difficilement praticable l’accès aux immeubles, notamment par les véhicules de secours aux personnes », pointe Ludovic Faytre. Par ailleurs, l’évacuation risque d’être plus complexe pour certaines populations vulnérables : personnes en situation de handicap ou maîtrisant mal la langue française…

Des habitants imprévisibles

En cas de montée des eaux, les autorités donneront des consignes d’évacuation aux populations afin qu’elles aient le temps de se mettre en sécurité par leurs propres moyens. Cependant, rien ne permet de savoir dans quelle mesure elles seront suivies. Dans les parties les plus denses du territoire, le taux de motorisation des ménages est faible, ce qui compliquera les départs, si les réseaux de transport en commun ne fonctionnent plus.

En outre, certains habitants pourraient refuser de partir «pour de multiples raisons : sécurité de leurs biens, peur des pillages, garde d’animaux de compagnie, critères socio-économiques favorisant ou non la mobilité (moyen de transport, point de chute, ressources financières…) », énumère Ludovic Faytre.

Une sur-sollicitation des secours

Enfin, les secours n’auront pas la tâche facile puisqu’ils devront palier les conséquences des défaillances des réseaux d’eau, de transport, d’énergie… Jusqu’à palier, parfois, des difficultés d’approvisionnement alimentaire. Les services de secours devront également se préparer à gérer des difficultés psychologiques chez des habitants traumatisés ou en perte de repères, notamment si les hautes eaux tardent à se retirer.

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