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iProcureNet – Un réseau européen innovant

iProcureNet est un réseau d’achats de sécurité à l’échelle européenne. Son
but ? Partager les tendances et ouvrir de nouvelles voies d’approvisionnement.

Les acheteurs dans le domaine de la sécurité ont eu jusqu’à présent peu d’occasions d’interagir entre eux à l’échelle européenne. Mais c’était sans compter sur l’arrivée du réseau d’achats de sécurité iProcureNet (Innovation by developing a European Procurer net working for security research services). Porté par le ministère de l’Intérieur, ce projet a vu le jour en réponse à l’appel à projets lancé par la Commission européenne en 2018. Cet appel visait à créer un réseau d’acheteurs dans le domaine de la sécurité intérieure. À l’heure actuelle, 11 partenaires composent le projet, dont le ministère de l’Intérieur, la police nationale de l’Espagne, le JERA Consulting du Royaume-Uni, ou la police criminelle portugaise.

PARTAGE, LIEN ET ENTRAIDE

iProcureNet vise à créer un écosystème d’acheteurs, de prescripteurs, de conseillers juridiques, ainsi que d’autres acteurs clés de l’approvisionnement du secteur de la sécurité, afin de partager les tendances et les besoins, et d’ouvrir des voies pour l’approvisionnement des moyens sécuritaires. « L’idée est de mettre à disposition des acteurs publics de sécurité une boîte à outils complète sur les différentes réglementations existantes, les procédures à suivre… afin de pouvoir utiliser le levier de la commande publique pour l’achat d’innovations. L’objectif est aussi de créer un réseau pour permettre des échanges sur les innovations développées en Europe dans le domaine de la sécurité, et favoriser des collaborations entre les pays avec des achats d’innovations mutualisés sur des besoins communs », précise Julien Fischer, co-fondateur d’Atraksis et responsable du pilotage de la performance des achats du ministère de l’Intérieur.

De plus, iProcureNet serait utile pour contrer certaines défaillances des fournisseurs. « En cas de défaut d’un distributeur, ce réseau permettrait d’avoir de l’aide facilement. Prenons l’exemple des opérations de contrôle d’immigration par quad dans le nord de la France. Il y a deux ans, le fournisseur français de ces quads n’a pu assurer la livraison des engins. Mais grâce à iProcureNet, nous avons pu demander de l’aide à l’Angleterre qui a accepté de nous fournir ces quads manquants. Finalement, la France a su trouver une solution entre temps avec son fournisseur, mais cet exemple montre bien l’intérêt du dispositif dans ce genre de situation », détaille Jorge Garzon, adjoint en chef de bureau de la stratégie et de la performance des achats au ministère de l’Intérieur et coordinateur du projet. Ce dispositif innovant doit néanmoins affronter quelques obstacles…

iProcureNet vise à favoriser les achats d’innovations.


© Ministère de l’intérieur – J.Rocha

DES DÉFIS ENCORE À RELEVER

Se dresse d’abord un défi de niveau technique. En effet, les normes techniques diffèrent entre les Etats membres en ce qui concerne les solutions de sécurité. La grande diversité des cultures organisationnelles selon les pays pose également problème. « Dans certains pays, la sécurité civile est gérée par le ministère de la Défense. En France, c’est le ministère de l’Intérieur qui en est responsable. Définir des référentiels communs en fonction des besoins permettrait de faciliter la coopération entre les pays membres », explique Julien Fischer, qui perçoit un second obstacle, plus juridique. « Les directives européennes sur les domaines publics de 2014 ont permis de définir des règles concernant l’achat d’innovation pour l’ensemble des pays membres de l’Europe. Mais chacun met en oeuvre ces directives d’une manière différente. Jorge Garzon complète : « Certains pays sont plus réactifs que d’autres dans la façon d’acheter des solutions. Leur procédure est plus rapide. Ils peuvent, par exemple, acheter des prototypes plus facilement que la France qui est soumise à plus de réglementations. »

Autres défis à relever : la protection des données, la propriété intellectuelle, la difficulté à mobiliser… « Le droit à l’image par exemple, est différent selon les pays. Il faudrait une harmonisation. Dans le cas de la propriété intellectuelle, il faudrait pouvoir se partager les droits lorsque l’on conçoit avec une société privée… mais là aussi les réglementations diffèrent selon les pays. Autre défi : réussir à convaincre de faire partie du projet, car le sujet est parfois jugé trop politique avec une commission très exigeante. »

Malgré ces obstacles, Jorge Garzon espère, à la fin du projet prévu pour 2024, réussir à convaincre la commission européenne de pérenniser le dispositif iProcureNet dans le temps.

Texte : Sofia Fernandez Casa

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