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Rouges et Blancs se regroupent

Mener un dialogue permanent sur les évolutions réglementaires et les réformes affectant conjointement les sapeurs-pompiers et les professionnels de l’urgence. C’est l’objectif du groupe de contact constitué en septembre dernier qui entend ainsi mettre fin aux hostilités qui ont pu exister entre les représentants des mondes Rouge et Blanc.

“Une volonté commune de placer comme priorité absolue le service rendu à la population et la réponse aux besoins réels”. C’est ce leitmotiv qui a conduit à la formation d’un groupe contact entre urgentistes hospitaliers et sapeurs-pompiers. Cette annonce a été relayée dans un communiqué commun par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), la Société française de médecine d’urgence (SFMU), le syndicat Samu-Urgences de France (SUdF), le Collège national des universitaires de médecine d’urgence (CNUMU) et le Conseil national professionnel de médecine d’urgence (CNPMU).

“Dans le prolongement des échanges initiés entre leurs dirigeants depuis le printemps dernier, la FNSPF, la SFMU, SUdF, le CNUMU et le CNPMU ont ainsi le plaisir d’annoncer ce jour la création d’un groupe contact permanent, chargé du suivi partagé de la déclinaison de ces réformes et d’une réflexion sur l’évolution de l’organisation des secours et soins d’urgence aux personnes et de l’aide médicale urgente, 15 ans après le référentiel commun SIS2/SAMU3 de 2008”, ont fait savoir la FNSPF et les syndicats professionnels et sociétés savantes d’urgentistes.

Cinq axes de travail prioritaire

Les partenaires de ce groupe de contact se sont fixé cinq axes de travail prioritaires :

  • la complémentarité des deux services publics pour dispenser des secours et soins d’urgence, réalisés par des personnels formés (médecins, infirmiers, secouristes), intervenant chacun dans leur domaine de compétences, dans une logique d’optimisation des ressources existantes ;
  • le partage réciproque d’informations sur les moyens opérationnels (localisation, engagement…) “pour une utilisation efficiente, dans le respect de la maîtrise par chaque service de la gestion de ses ressources et de la juste place de la régulation médicale” ;
  • le renforcement de l’attractivité des métiers respectifs des deux services publics ;
  • le partage de leurs domaines d’expertise en termes de formations secouristes (paramédicales et médicales), de collaboration à visée scientifique, et de démarche qualité communes ;
  • une meilleure connaissance et une implication partagée en amont de la préparation des décisions au niveau des ministères, des administrations centrales et des territoires (à l’échelle des zones de défense et de sécurité ou des agences régionales de santé).

“On rentre dans le principe qu’il y aura un groupe qui perpétuera un échange en fonction des dossiers qui passent”, a expliqué le président du syndicat Samu-Urgences de France, le Dr Marc Noizet. La création de ce groupe de contact résulte aussi d’une “volonté ministérielle de retrouver des liens collaboratifs constructifs entre urgentistes hospitaliers et sapeurs-pompiers”.

A la recherche du consensus

Le groupe de travail sera constitué d’une dizaine de personnes et devrait privilégier “le consensus et l’intérêt commun (…) pour que cet échange puisse asseoir la possibilité d’aborder des sujets plus compliqués, souligne le Dr Marc Noizet. On a des divergences qui peuvent exister sur certains dossiers, tels que le numéro unique santé, et on a décidé de ne pas les aborder dans un premier temps”.

“Les changements réglementaires et les réformes qui ont lieu doivent être partagés ensemble (…) Dès le moment où il y a un nouveau dossier qui s’ouvre, ou une réglementation qui doit évoluer, il faut qu’on échange en amont pour bien comprendre les difficultés de l’autre, ce que ça implique pour lui, la façon dont ça doit être intégré dans la réflexion.”

Le groupe de contact pompiers-urgentistes devait se réunir pour la première fois dans le courant du mois de novembre pour traiter des cinq axes prioritaires. Il pourrait être complété par la suite par des groupes thématiques.

Dans leur communiqué, urgentistes et sapeurs-pompiers ont également affiché leur volonté d’aborder des sujets ayant suscité des dissensions entre les deux services, comme la déclinaison de la loi Matras, dont les trois expérimentations de schéma organisationnel pour les numéros d’urgence devraient bientôt être lancées, la réforme de la garde ambulancière, ou le suivi de la mission Braun sur les urgences et les soins non programmés.

Les ambulanciers exclus ?

Suite à la parution du communiqué commun, la Fédération nationale des ambulanciers privés (FNAP) a déploré l’absence des ambulanciers au sein du groupe de contact. Président de la FNAP, Bruno Basset, regrette “de voir la profession frappée d’ostracisme”. Et rappelle qu’en 2021, 5 025 entreprises de transport sanitaire, soit près de 14 000 ambulances au total, ont participé à l’organisation des secours et des soins d’urgence. Le président de la FNAP souligne également le rôle, au commencement de la crise du Covid-19, joué par les ambulanciers qui ont pris en charge 2,7 millions de personnes en 2020. Et appelle pour conclure à dépasser les divergences au regard de l’intérêt suprême du patient et à construire ce groupe de contact, tripartite, à laquelle la fédération se dit prête à participer activement.

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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