Elections européennes : la FNSPF interpelle les candidats
La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) a organisé ce mercredi 6 mars une conférence de presse pour interpeller les candidats aux élections européennes de mai 2019. La FNSPF s’inquiète de la menace qui pèserait sur le système de sécurité civile français et européen si le statut des pompiers volontaires était remis en cause.
“Si, demain, la Directive européenne sur le temps de travail (DETT) est appliquée à l’échelle française et européenne, c’est l’intégralité du système de Sécurité civile qui tombe”, annonce en préambule le colonel Gregory Allione, président de la FNSPF depuis octobre dernier. Pour éviter notamment que les sapeurs-pompiers volontaires (SPV) soient assimilés à des travailleurs, le président de la FNSPF souhaite une remise à plat de la présente directive adoptée en 2003. Objectif avoué : que les politiques européens s’emparent du sujet pour élaborer une nouvelle directive qui permettrait aux SPV de préserver leur statut et, avec lui, leur liberté d’engagement.
Les 196 000 pompiers volontaires français ont pris une très grande part dans les 4,6 millions d’interventions assumées en 2017. C’est une force essentielle dont on ne saurait se passer.
Une problématique qui dépasse les frontières nationales. En effet, de nombreux pays européens ont des modèles de sécurité civile qui reposent en grande partie sur le volontariat, comme en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas ou en Pologne. “En Allemagne, nous avons un million de pompiers volontaires pour 50 000 professionnels”, souligne Harmut Ziebs, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers d’Allemagne (FNSPA). N’y a t-il pas un risque de recours excessif au volontariat ? La santé et la sécurité des volontaires n’est-elle pas en jeu pour ces pompiers qui ne comptent pas leurs heures pour se mettre au service de la communauté ? “La Santé et la sécurité des pompiers constitue une véritable problématique prise en compte en Allemagne avec la mise en oeuvre d’une politique de prévention visant à prévenir les accidents du travail”, explique le président de la FNSPA.
La DETT menace-t-elle le mécanisme européen de protection civile ?
“A l’échelle européenne, on dénombre 3,5 millions de pompiers sur l’ensemble des Etats membres de l’Union Européenne”, détaille Christophe Marchal, sapeur-pompier volontaire dans le Haut-Rhin (68) et en charge des affaires européennes et internationales à la FNSPF. Il représente autant de moyens humains qui peuvent être amenés à intervenir au-delà des frontières de leur pays d’origine, dans le cadre du mécanisme européen de protection civile. Ce fut notamment le cas lors des incendies qui ont touché la Suède à l’été 2018. Des sapeurs-pompiers français, allemands et italiens étaient notamment venus en renfort avec des moyens matériels importants, dont plusieurs bombardiers d’eau dépéchés sur place. Pour autant, le mécanisme européen de protection civile est actuellement en pleine évolution. Le Parlement européen a adopté le 12 février dernier un nouveau dispositif. Le RescUE crée une réserve de ressources assurant une réaction de l’UE en matière de protection civile. Objectif : aider les États membres à faire face aux catastrophes lorsque leurs capacités nationales sont débordées. Ce nouveau mécanisme comprendra des ressources, telles que des avions de lutte contre les incendies et des équipements de pompage de l’eau, en complément des capacités nationales. Une solidarité européenne qui, dans le contexte de l’accélération et de l’augmentation des crises de sécurité civile (inondations, feux de forêts, terrorisme), risquerait d’être menacée si la DETT était appliquée. C’est la raison pour laquelle la FNSPF et ses partenaires interpellent les candidats aux élections européennes. Des futurs députés qui pourront décider demain d’assurer ou non la pérennité de la distribution des secours.
Le système de sécurité civile et le principe de solidarité européenne sont-ils réellement menacés ? L’avenir le dira…