Technique d’urgence #40 : prendre en charge les dyspnées graves
La prise en charge des dyspnées expiratoires aiguës nécessite une prise en charge précoce pour éviter les complications asphyxiques de l’asthme aigu grave.
Texte et photos : Nicolas Beaumont
Indications
Respiration sifflante, haletante, dyspnée expiratoire
Antécédent d’asthme
Signes de gravité
Difficulté, voire incapacité, à parler
Agitation
Sueurs, cyanose
FC > 35mvts/min ou bradypnée < 10mvts/min
Tachycardie > 130 pulsations/min
Sp02 en air ambiant < 90 %
Contre-indication
Aucune
Critères d’efficacité
Réapparition de la parole
Amélioration des signes paracliniques
La démonstration effectuée par le personnel du SSSM du SDIS 42 selon les PISU en vigueur, s’effectue seul.
1 Faire un bilan infirmier. Lorsque l’infirmier de sapeur-pompier (ISP) se présente sur les lieux de l’intervention, il complète le bilan du chef d’agrès. Il vérifie que la position d’attente demi-assise est correcte.
2 Préparer la solution pour l’aérosol. Le traitement chez l’adulte prend la forme de deux dosettes : un bronchodilatateur et un anticholinergique. L’une de 5 mg (2ml) de terbutaline (Bricany®) et l’autre de 0,5 mg (2 ml) d’ipratropium bromure (Atrovent®). Pour un enfant, les doses sont à adapter en fonction du poids. Les deux médicaments sont mélangés dans le réceptacle du nébuliseur.
3 Mettre le réceptacle sous le masque nébuliseur. Une fois le mélange réalisé, le réceptacle se fixe sous le masque.
4 Raccorder le flexible à la bouteille d’O². Pour finaliser le masque de nébulisation, l’ensemble “masque-réceptacle” doit être raccordé à la bouteille d’O². Le gaz va permettre la nébulisation de la solution dans le réceptacle.
5 Régler le débit d’O². Le débit d’O2 doit être réglé entre 6 et 9 l/min. En plus de l’effet thérapeutique des médicaments dans le réceptacle du masque, l’apport d’O2 peut contribuer à l’amélioration de l’état du patient.
6 Appliquer le masque sur le visage du patient. Lorsque le masque est mis en place sur le visage du patient, la durée du traitement varie entre 10 et 15 minutes. La présence d’une vapeur blanche au niveau du masque indique que la nébulisation se fait correctement.
7 Réévaluer les signes cliniques et paracliniques. Durant le traitement l’ISP surveille le patient afin de réaliser un bilan d’évolution qu’il transmet au médecin régulateur. En général, en cas d’aggravation le centre 15 décidera de l’envoi d’un moyen médicalisé tandis qu’en cas d’amélioration le transport sera confié aux sapeurs-pompiers.
8 Mise en place d’une voie d’abord. En fonction de l’échange avec la régulation médicale, l’ISP peut être amené à poser une voie veineuse périphérique et à injecter une méthylprednisolone (Solumédrol®).
Témoignage médecin
Dr Frédéric Frey, médecin chef du SDIS de la Loire (42)
Gagner un temps précieux
Comme souvent dans les pathologies graves, le facteur temps est primordial. La prise en charge précoce d’une détresse respiratoire aiguë n’échappe pas à cette règle. L’enchaînement des réponses et des mécanismes physiologiques amène, sans traitement, à l’apparition d’une “cascade inflammatoire”. Dans ce cas la prise en charge devient très complexe. C’est dans cette logique que les protocoles infirmiers pour les ISP ont été mis en place. Ils permettent de gagner un temps précieux avant une prise en charge en milieu hospitalier. S’il n’y a pas de contre-indication à la mise en place d’un tel protocole, l’un des effets secondaires des traitements est la tachycardie. Les ISP sont donc particulièrement attentifs à l’évolution du rythme cardiaque lors de la surveillance des victimes.