Technique d’urgence #42 : avalanchés avec une activité circulatoire, prise en charge des hypothermes.
Les hypothermies accidentelles inférieures à 30°C font courir au patient un risque vital, notamment lié à l’arrêt circulatoire. Causées par des aléas environnementaux (avalanche, immersion, etc.), elles peuvent aussi apparaître chez des personnes socialement précaires en période de grand froid.
Texte : Nicolas Beaumont
Photos : Nicolas Lefebvre
Indications
- Pour tout patient avalanché conscient dont la température centrale est inférieure à 30°C avec une activité circulatoire conservée, ou pour tout patient hypotherme qui ne frissonne plus.
Précautions
- Eviter tout geste thérapeutique risquant de provoquer un “Rescue Collapse”: un arrêt cardiaque (par fibrillation venticulaire, asystolie, AESP) lié à la mobilisation.
Contre-indications
- VVC, SNG, réchauffement en frictionnant, mobilisation intempestive.
1. Mesure de la température. Une fois l’avalanché dégagé et les signes vitaux identifiés, la température centrale doit être déterminée (tympanique – thermomètre à thermistance, rectale ou oropharyngé – sonde à 8 cm de l’arcade dentaire). Contre-indication : mise en place de la sonde dans l’œsophage.
2. Etablir un bilan et une stratégie de prise en charge. Sur une victime hypotherme, il est essentiel d’évaluer rapidement ce qui doit être entrepris sur place et d’orienter le patient vers le centre le plus adapté.
3. Contrôle de la température. L’objectif principal de la prise en charge est de limiter la déperdition supplémentaire de chaleur. Les équipes doivent si possible retirer les vêtements mouillés et sécher délicatement la victime. Dans le cas contraire, il est conseillé d’utiliser du papier à bulles pour créer une isolation thermique très efficace.
4. Oxygénation. L’oxygénation d’un patient hypotherme ne peut pas se décider sur l’indication du saturomètre. Cette dernière est erronée à cause de la vasoconstriction des vaisseaux due au froid. En conséquence, ce sont les signes cliniques et paracliniques qui doivent être considérés.
5. Poser une voie veineuse périphérique. Si un abord veineux est nécessaire, poser une VVP. Contre-indication : pose d’une voie veineuse centrale (VVC).
6. Respecter la bradycardie. Un patient hypotherme nécessite une surveillance sous scope et l’équipe médicale doit respecter la bradycardie éventuelle.
7. Pratiquer une intubation orotrachéale. Pour un patient dans le coma avec une menace sur les voies aériennes, pratiquer une intubation orotrachéale. Contre-indication : pose d’une sonde gastrique.
8. Evacuation rapide. Après avoir pris contact avec la régulation médicale pour déterminer le plateau technique le plus approprié, procéder prudemment à l’évacuation de la victime.
Témoignage médecin
Dr Marc Blancher, responsable du secours en montagne au CHU de Grenoble (SAMU 38). Membre de l’Association nationale des médecins et sauveteurs en montagne (ANMNS).
Une action conjointe nécessaire
Derrière la “prise en charge des hypothermes” se cachent différentes stratégies thérapeutiques dépendant du degré d’hypothermie, des conséquences physiologiques et des pathologies préexistantes ou concomitantes à l’apparition de l’hypothermie. Il convient de déterminer précisément les circonstances de l’accident. Pour un avalanché dont l’activité circulatoire est présente, la priorité est de la conserver par des gestes minimisant le risque de rescue collapse. En plus des contre-indications, il s’agit – dans le cas d’une opération conjointe avec des services de secours – d’expliquer les risques et les conduites à tenir pour minimiser les effets indésirables, en particulier lors des déplacements du patient.