Des propositions pour un secours français différent
Fort d’une expérience de près de 30 ans au sein de nombreuses institutions de secours, James Iacino a établi un document de réflexion contenant de multiples observations et propositions.
James Iacino a exercé pendant presque 30 ans dans le domaine du secours et des soins d’urgence. A partir de ses expériences et de son réseau professionnel, il a réalisé un document de travail qui comprend plusieurs pistes de recherches et de réflexion. Son “rapport” comprend pas moins de 64 propositions qui visent à instaurer un secours différent en France. Des propositions qui embrassent plusieurs thèmes : éducation civique, alerte / communication, réponse de 1er, 2e et 3e niveau, accueil médical, nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), financement, coordination / éthique, matériel, et formation.
Education civique, alerte, réponses, et accueil médical
En matière d’éducation civique, il est recommandé entre autres la mise en place d’un programme scolaire de sécurité civile, l’appui des programmes liés au secourisme APS pour les écoles, et PSC au permis de conduire. Sur le registre de l’alerte, James Iacino préconise de confirmer le 112 comme numéro unique et qu’il bénéficie de la primauté. En matière de réponse de 1er niveau, une des pistes à suivre serait d’engager des municipalités dans la mise en place d’un comité local d’urgence. Les sociétés privées pourraient également être encouragées à participer à l’aide urgente. Pour la réponse de 2e niveau, l’implication des acteurs qui le souhaitent dans la réponse à l’urgence pourrait être plus efficiente, tandis qu’une réduction du coût d’engagement pourrait être réalisée en assurant une mutualisation de la coordination interservice. Une réforme du référentiel national des missions de sécurité civile pour les DPS est prescrite et s’accompagnerait d’une véritable reconnaissance des associations agréées de sécurité civile (AASC).
Quelles améliorations prévoir pour la réponse de 3e niveau ? Il faut notamment “favoriser le dialogue et les rencontres entre acteurs des services de secours, établir un fonctionnement pérenne des moyens paramédicalisés publics ou privés, évaluer l’opportunité de renforcer le rôle des ARM et standardiser les procédures de régulation”. Sur les questions en lien avec l’accueil médical, il est préconisé en particulier de poursuivre la mise en place de structures type “walk in center” pour désengorger les urgences des cas médicaux non urgents, et de définir une vraie réponse de terrain à l’urgence psychologique de crise hors catastrophe.
NTIC, financement, coordination, matériel et formation
Au niveau des NTIC, James Iacino recommande de favoriser le développement des dispositifs de gélocalisation, de coordination partagée et de télémédecine afin de favoriser la réduction du temps de localisation et d’intervention des secours. Autres voies possibles : la mise en oeuvre d’une application ou système SMS permettant d’envoyer des photos ou vidéos directement aux salles de commandement depuis le terminal d’un requérant, et le développement de la télétransmission d’électrocardiogrammes (ECG) par les moyens de 2e niveau. Sur les thématiques de financement, les campagnes d’aides au recrutement et aux dons des AASC devraient être mieux soutenues, tandis qu’une taxation de 2 % de toutes assurances souscrites sur le territoire national pourrait voir le jour en vue de financer les dispositifs de réponse en matière d’urgence. Sur le sujet en lien avec la coordination des secours, un comité interministériel ayant pour objet l’organisation des secours sur le territoire pourrait être créé. Un délai maximum d’intervention pour les services de secours dans le cadre de la prise en charge des urgences pourrait être fixé à huit minutes, à l’image de ce qui est pratiqué dans plusieurs pays. Côté matériels, il est recommandé que les secours intervenant sur la voie publique soient équipés de tenues “haute visibilité”, que les entreprises de transports sanitaires (ETS) souhaitant répondre à l’agrément de type 0 soient obligatoirement dotées d’ambulances de secours et de soins d’urgence (ASSU) équipées avec un véhicule permettant les soins et la médicalisation. Ces véhicules participant à la réponse à l’urgence devraient être identifés comme tels par un marquage visible. Enfin en terme de formation, le “rapport” préconise l’instauration d’une formation obligatoire pour tous les personnels ayant une mission de conduite des véhicules prioritaires, et de porter une réflexion sur l’évolution des maladies en France et leur demande d’assistance afin notamment de voir quel programme pourrait être proposé pour former les secours de 2e niveau sur les pathologies dites “médicales”.