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Soins d’urgence canins : le CMS-USAR a lancé sa formation

Le Corps mondial de secours (CMS-USAR) a mis en place dès juin 2017 une formation en soins d’urgence canins à destination de ses infirmiers et médecins. Objectif : être capable d’apporter assistance aux chiens des équipes cynophiles en cas d’accident ou de pathologies aiguës lors de missions à l’étranger.

Lors de catastrophes naturelles, les associations dites Urban Search and Rescue engagent leurs équipes pour la recherche et le sauvetage des victimes. Parmi elles, des techniciens de catastrophes, des logisticiens, des infirmiers, des médecins, mais aussi des binômes cynophiles, où maîtres-chiens et canidés sont engagés pour la recherche de victimes dans des zones de décombres. Tremblement de terre, cyclones, tsunamis, inondations, catastrophes industrielles : les terrains dans lesquels évoluent les secouristes sont multiples et comportent de nombreux risques. Il en est de même pour les “sauveteurs” à quatre pattes qui participent à de telles missions. 

 

Un suivi vétérinaire difficile

Créé en 1972, le Corps mondial de secours (CMS-USAR) a réalisé plus de 51 missions USAR, dans plus de 25 pays répartis dans le monde. De son expérience de terrain, la question du suivi vétérinaire des chiens de recherche en décombres est une problématique régulièrement mise en avant lors de missions post-catastrophes, car aucun vétérinaire ne peut assurer un suivi des chiens sur le terrain. Celui-ci se fait en général à distance, quand la communication entre la France et le pays sinistré le permet, pays où bien souvent les structures vétérinaires sont inexistantes. Si chaque maître-chien de l’ONG dispose de solides notions de secourisme canin, en situation de stress et d’accident, il est parfois difficile d’appliquer des soins d’urgences à son propre animal de compagnie. Devant ce constat, le CMS-USAR a décidé de mettre en place depuis juin 2017, une formation unique en “soins d’urgence canins” à destination des infirmiers et médecins de l’ONG. L’objectif est avant tout d’apporter une assistance rapide et adaptée aux chiens de recherche en décombres, en cas d’accident ou de pathologies aiguës lors de missions à l’étranger.

 

De la blessure à la déshydratation

Xavier Pain, cadre cyno au CMS-USAR, n’en est pas à sa première mission avec l’ONG. Il évoque les différentes pathologies qui peuvent survenir chez les chiens de recherche en décombres lors d’une mission USAR. “Les pathologies rencontrées le plus souvent chez le chien de recherche en décombres sont les plaies au niveau des membres, dont les principales sont situées au niveau des coussinets. Ces plaies nécessitent une attention particulière, car elles sont rapidement souillées par la boue ou la poussière. Il y a aussi des risques de contracter des maladies locales comme des maladies infectieuses ou parasitaires, mais nous appliquons des règles strictes de prévention comme par exemple éviter tout contact avec un animal indigène. De surcroit, on ne fait manger au chien que de la nourriture ramenée de France, et on lui apprend à ne pas manger ce qu’il peut trouver par terre. Le suivi vaccinal de nos chiens est lui aussi rigoureusement appliqué avant son départ. Enfin, on rencontre régulièrement des cas de diarrhées ou vomissements pouvant entraîner des déshydratations sévères, en raison du stress intense que vivent les chiens dû au transport et au changement brutal d’environnement.” Heureusement, il est très rare que les accidents surviennent à l’étranger. “Quand on voit où le chien de recherche en décombres évolue, les blessures graves sont peu fréquentes. Mais nous ne sommes jamais à l’abri d’une chute ou d’un coup de chaleur. L’une des priorités du maître chien, est de bien observer son compagnon à quatre pattes et de veiller sur sa sécurité en toute circonstance avec l’aide des autres membres de l’équipe de secours.”

 

Mettre à profit les compétences

Infirmier et coordinateur médical au CMS-USAR, Jérémie Thirion, explique pourquoi cette formation a été proposée uniquement aux infirmiers et médecins de l’ONG. “Nos chiens de recherche en décombres sont considérés comme des sauveteurs à part entière, et évoluent dans les mêmes terrains accidentés que les humains. Les dangers sont donc nombreux et les risques de blessures bien réels. Mais dans ces contextes de catastrophes naturelles, nous rencontrons deux problématiques pour nos chiens. Il y a tout d’abord la difficulté de trouver un vétérinaire pouvant assurer un suivi des chiens pendant la mission, et ensuite les zones habituellement reculées dans lesquelles travaillent nos équipes et qui rendent très complexes tout rapatriement vers une structure vétérinaire. En revanche nous disposons systématiquement dans nos équipes, d’infirmiers et de médecins qui sont habitués aux soins techniques. Nous avons ainsi décidé de mettre en place cette formation interne et totalement nouvelle pour notre équipe médicale, afin d’offrir aux chiens de recherche la meilleure assistance possible en cas de nécessité.”

Une importante partie de la formation a pu être menée avec l’aide d’une vétérinaire, afin de transmettre aux soignants les notions essentielles de physio-pathologie et de comportementalisme du chien. L’approche d’un chien blessé a elle aussi été abordée afin de permettre aux soignants d’être le plus à l’aise possible, tout en ayant une attitude rassurante pour l’animal. Des gestes plus techniques comme l’immobilisation d’un membre, ou le transport du chien sur une civière, ont pu aussi être pratiqués en équipes lors d’exercices pratiques. “L’intérêt de former le personnel soignant, c’est aussi de laisser le maître-chien dans son rôle de maître, en lui permettant de rester aux côtés de son animal pour le calmer et le rassurer, explique l’infirmier. Il ne s’agit pas de jouer aux apprentis vétérinaires, mais bien de mettre à profit les compétences techniques de nos infirmiers et médecins auprès d’un animal blessé, et uniquement dans ce contexte USAR. En l’absence de vétérinaire dans nos équipes, il nous paraît important que nos soignants puissent prodiguer des soins d’urgence de qualité, aussi bien aux humains qu’à nos chiens.”

 

 

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