Édito n°87
Quand la prévention boit la tasse
« Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux ! » Actuellement diffusée dans tous les médias français, cette campagne de communication vise à sensibiliser la population aux risques liés à la baignade. Les mesures sont on ne peut plus simple : surveiller les plus jeunes, protéger les plans d’eau, apprendre à nager, ne pas surestimer ses capacités, etc. En France, de nouveaux dispositifs ont été récemment mis en place comme « l’aisance aquatique » pour les plus jeunes (lire notre dossier des pages 14 à 22). Véritable marronnier, ce fléau mérite pourtant une réelle mise en lumière.
Pour le seul été 2024, 1 244 noyades ont en effet été recensées par Santé publique France, dont 350 décès. 56 % concernaient des adultes, 29 % des moins de 6 ans et 15 % des 6-17 ans. La proportion de décès suite à une noyade est bien plus élevée pour les adultes (45 %) que pour les mineurs (7 %). Les noyades se produisent plus généralement dans des piscines privées pour les jeunes enfants, en mer pour les adultes.
De la mi-juillet à la mi-août, l’institution recensait 41 % d’augmentation par rapport à la même période en 2023. En cause ? La chaleur. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, il faut en effet souligner la corrélation directe entre forte chaleur, augmentation de la baignade et donc, mathématiquement, des noyades… Or, avec le réchauffement climatique, ce fléau risque encore de s’aggraver à l’avenir.
Au niveau mondial, ce sont 30 personnes qui se noient toutes les heures, soit environ 300 000 victimes en 2021. La moitié concerne les moins de 29 ans et un quart les moins de 5 ans. Selon l’organisation mondiale de la santé, plus de 7,2 millions de personnes pourraient ainsi mourir de l’absence de prévention d’ici à 2050…
Alors certes, le taux mondial de mortalité a baissé de 38 % depuis 2000. Mais ce chiffre masque des disparités énormes entre les pays du Nord et ceux du Sud. En effet, si le taux de mortalité a baissé de 68 % entre 2000 et 2021 en Europe, la baisse n’était que de 3 % en Afrique où l’on atteint 5,6 décès pour 100 000 habitants. Sur ce continent, seuls 15 % des pays disposent d’une stratégie nationale de prévention des noyades pour 45 % en Europe… Une marge de progrès significative qui doit mobiliser tous les acteurs de la prévention et du secours.
Nicolas Lefebvre
