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Édito n°80

Arrêt cardiaque : à quand le choc des cultures ?

La France n’est décidément pas la bonne élève que certains imaginent peut-être encore… Déjà en tête du classement européen des accidents du travail, voilà que ses progrès en terme de prévention et de prise en charge de l’arrêt cardiaque demeurent ténus… On recense toujours 50 000 morts subites tous les ans sans que le taux de survie – 8 % – ne se décide à grimper.

Il serait pourtant injuste de dire que rien ne bouge. Ces dernières années, un véritable arsenal législatif et réglementaire a été mis sur pied, notamment pour : mieux localiser les défibrillateurs, en installer dans les ERP, protéger les citoyens sauveteurs… Reste à parachever cette mise en place, notamment en recensant tous les défibrillateurs (seulement 130 000 le sont sur les 400 000 en service) et en assurant réellement leur maintenance (60 % du parc pourrait présenter une anomalie). A l’occasion du séminaire de l’Association pour le recensement et la localisation des défibrillateurs (ARLoD) qui s’est tenu au ministère de la Santé en mars dernier, nous consacrons un large dossier à ces questions (lire pages 18 à 35).

Certes, tous les arrêts cardiaques ne sont pas récupérables, mais les leviers pour améliorer la survie sont connus depuis longtemps ! Si l’on peut encore optimiser la prise en charge des professionnels de l’urgence, notamment dans les délais de reconnaissance de l’arrêt cardiaque, c’est bien dans la formation et l’incitation à agir des citoyens que réside la clé de la réussite. Encore faudrait-il une volonté politique et un intérêt médiatique pour que les lignes bougent enfin.

Autre cheval de bataille : 75 % des arrêts cardiaques surviennent à domicile. Outre la formation indispensable de l’entourage, les habitats collectifs devraient donc logiquement disposer d’un défibrillateur. Morte dans l’œuf cette bonne idée devrait pourtant revenir sur le devant de la scène. La mise en place d’une politique ambitieuse de prévention passe aussi par le portefeuille. On a su crever le plafond de verre pour les accidents de la route. Alors pourquoi pas dans le cadre de la lutte contre les arrêts cardiaques ?

Nicolas Lefebvre

Nicolas Lefebvre

Journaliste dans la presse économique depuis 2002, il publie également un livre d’investigation aux éditions de l’Archipel en 2010. Secouriste bénévole, sauveteur aquatique et moniteur de premiers secours entre 2004 et 2018, il consacre sa maîtrise d’Histoire contemporaine à l’institutionnalisation du secourisme au sortir de la seconde guerre mondiale.En 2011, il fonde Oxygène Editions afin de publier Secours Mag, puis en 2017, SST Mag. Il assure aujourd’hui la rédaction en chef de ces deux titres de presse professionnelle.

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