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IFAW – quel sort pour les animaux en cas de catastrophe ?

Depuis l’ouragan Katrina, l’ONG internationale IFAW a développé une expertise dans la prise en charge des animaux soumis aux catastrophes naturelles ou humaines. Présente en Europe, en particulier en Ukraine, elle pointe la nécessité d’intégrer aux plans de secours la dimension animalière.

Deux mois durant, du 12 au 30 juin 2022 en deux points de la frontière polonaise, à Medyka et à Przemysl, des vétérinaires ont accueilli les réfugiés ukrainiens accompagnés d’animaux domestiques dans une tente de secours. Deux dispositifs mis en place par Ifaw (International Fund for Animal Welfare – Fonds international pour la protection des animaux), une ONG de défense animale, en soutien aux autorités polonaises. « Ces vétérinaires ont prodigué des soins, fourni du matériel, notamment des caisses de transport, de la nourriture, et ont vacciné contre la rage ces animaux entrant sur le territoire européen », explique Céline Sissler-Bienvenu, directrice secours d’urgence lors de catastrophes et réduction des risques Europe pour Ifaw. Un réconfort pour ces réfugiés, craignant d’être séparés de leurs animaux.
De même, suite à l’explosion du barrage de Kakhovka, le 8 juin dernier, à l’origine d’inondations dévastatrices, Ifaw a livré 30 tonnes de nourriture aux refuges, aux bénévoles et aux équipes de secours de Mykolaïv. Elle a également financé deux ambulances vétérinaires. L’association s’emploie aussi à sortir du territoire des fauves et des serpents abandonnés par leur propriétaire, « ce qui demande de la logistique, surtout en période de bombardements, et des autorisations de transfert des autorités », souligne la directrice d’Ifaw, naturaliste de formation qui travaille depuis dix-huit ans pour l’ONG.

133 945 animaux ont été secourus en Ukraine depuis février 2022, dont 5 780 durant deux mois à la frontière et 12 784 animaux sauvages.

UNE CULTURE DU RISQUE ANIMALIER

Fondée il y a plus de cinquante ans, cette association a développé un pôle de secours d’urgence en situation de catastrophe suite à l’ouragan Katrina. « A l’époque, des victimes ont péri en retournant chercher leur animal.
Depuis, la culture du secours aux animaux s’est développée aux Etats-Unis, avec l’obligation de les inclure dans les plans d’urgence. En Californie, une coalition comprenant les autorités, les acteurs humanitaires et les associations de secours animalier, dont Ifaw, est activée en cas de feux de forêt ou d’inondation notamment », indique la naturaliste. L’association intervient toujours en accord avec les autorités, à travers trois niveaux de réponse : le soutien financier ; l’encadrement des acteurs à distance ; un déploiement sur le terrain. Elle assure également des missions de formation, comme en Haïti, où l’ONG a formé des acteurs locaux au sauvetage animalier pour qu’ils deviennent autonomes.
Présente dans les pays du Sud, fortement exposés aux catastrophes, l’association déploie depuis trois ans son programme sur le continent européen. En Ukraine, mais pas seulement.
En mai dernier, lors des inondations en Italie, l’ONG a soutenu financièrement l’association Lav, « qui dispose d’ambulances animalières et de bénévoles formés », précise Céline Sissler-Bienvenu. Face à des catastrophes naturelles et humaines qui se multiplient sur le vieux continent, Ifaw souhaite sensibiliser les acteurs du secours, français et européens, au besoin d’inclure la dimension animalière aux plans d’urgence. Malgré la loi Matras qui a dévolu aux sapeurs-pompiers français le secours aux animaux et l’existence parmi eux d’unités animalières, en matière de catastrophes, beaucoup reste à faire.

En réponse à l’appel d’un propriétaire, l’IFAW vient au secours de trois chevaux en difficulté. 

3 QUESTIONS À CELINE SISSLER-BIENVENU,

Directrice secours d’urgence lors de catastrophes et réduction des risques Europe pour IFAW

“ Les animaux ne sont pas pris en compte dans les plans d’urgence ”

Céline Sissler-Bienvenu
Quels enjeux soulève le sauvetage des 
animaux en cas de catastrophe ?

Ils sont multiples. Sanitaires d’abord, avec des risques d’émergence de maladies. Sécuritaires ensuite, les personnes refusant d’évacuer sans leur animal
domestique se mettant en danger et avec eux les secouristes. L’enjeu est aussi social, l’animal de compagnie jouant un rôle dans la régulation du stress et dans la résilience. Il est par ailleurs économique, avec de lourdes pertes pour les élevages. Il est en outre environnemental : les autorités investissent pour préserver des espèces, sans tenir compte de la menace incendie, comme pour le lynx ibérique ou la tortue d’Hermann dans la plaine des Maures (Var) l’été dernier.

L’enjeu est enfin éthique : nous avons le devoir de protéger les animaux.

Quels textes encadrent leur sauvetage ?

La loi Matras de 2021 a inclus les animaux dans les missions de secours des sapeurs-pompiers. Certes, leurs unités de secours animalières savent intervenir pour des interventions « quotidiennes ». Mais, en cas de catastrophes, ces brigades sont prioritairement réaffectées au secours aux personnes. Et rien n’est prévu s’agissant des animaux dans les plans d’urgence.

Que peut apporter l'IFAW ?

Face à cette mission supplémentaire confiée par la loi Matras, les secours ont intérêt à travailler avec des partenaires, en amont des catastrophes, pour densifier les actions à mener et les groupes locaux de protection animale à coordonner.

Texte : Coline Léger / Photos: IFAW

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