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Crues 2018 dans l’Aude : des insuffisances dans l’anticipation

A l’heure où le sud de la France subit de très fortes intempéries, un rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable, réalisé en mai 2019 mais publié récemment, revient sur les inondations qui ont eu lieu du 14 au 17 octobre 2018 dans l’Aude. Sans détecter de failles dans les règles en vigueur, il pointe cependant du doigt certains dysfonctionnements…

Le 15 octobre 2018, le département de l’Aude (11) connaissait un « épisode méditerranéen » dramatique accompagné de crues d’une intensité rare. 14 personnes y perdaient la vie, sans compter les dégâts matériels, estimés à plus de 200 millions d’euros par les compagnies d’assurance. Exceptionnel par son ampleur, cet épisode et sa gestion ont été analysés par le Conseil général de l’environnement et du développement durable, entité chargée de conseiller le Gouvernement notamment dans les domaines de l’environnement et du changement climatique, à travers des missions d’expertise, d’audit, d’étude et d’évaluation. Ce rapport énonce que « l’analyse du fonctionnement des dispositifs de vigilance météorologique et de vigilance crues n’a pas permis de détecter de faille au regard des règles en vigueur, les procédures prévues ayant été normalement appliquées ». Toutefois, il précise que « l’absence d’anticipation du passage en vigilance météorologique rouge a été souvent dénoncée par des élus ou la population ».

 

Un dispositif d’avertissement trop complexe et peu compréhensible

Au gré d’entretiens successifs avec les acteurs de la prévention des risques, notamment Météo France, les rapporteurs du Conseil général de l’environnement et du développement durable dénoncent un « dispositif d’avertissement [qui] demeure trop complexe et peu compréhensible des élus, et a fortiori de la population, qui peine à distinguer les concepts de vigilance et d’alerte, mais aussi de vigilance météorologique et de vigilance crues ». Selon eux, les actions d’informations-sensibilisation du public restent à renforcer sur ces sujets. En outre, la mission a constaté que « la communication entre les différents acteurs, notamment avec la préfecture, manquait de fluidité et était sans doute perfectible. Dans ce contexte, il est recommandé que le dispositif de vigilance Météo France soit réexaminé pour mieux le coordonner et le rendre plus lisible avec le dispositif de vigilances crues ».

 

Un suivi insuffisant dans la mise à jour des plans

Si la gestion de crise a été globalement considérée comme satisfaisante, notamment grâce à la mobilisation des maires, apparue comme « exemplaire » et à l’application de plans communaux de sauvegarde « utiles et efficaces » qui ont joué leur rôle, le rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable constate un « suivi insuffisant de la part des préfectures [dans] la mise à jour de ces plans, pas toujours actualisés comme ils le devraient, au maximum tous les cinq ans ».

C’est cette absence de mise à jour qui étonne le plus. Dans un département qualifié de « particulièrement exposé aux risques naturels et technologiques majeurs » (dossier départemental des risques majeurs), 16 plans départementaux sur 28 n’ont pas été actualisés. Le tronc commun ORSEC est particulièrement concerné, malgré des retours d’expérience suite à des exercices de sécurité civile qui ont pointé, par le passé, des difficultés majeures. Enfin, la mission a mis en évidence « le constat déjà fait auparavant concernant la structuration et l’organisation du Centre opérationnel départemental (COD), nécessitant des améliorations sans lesquelles la préfecture pourrait être en difficulté si elle devait faire face à une crise de plus grande ampleur, par sa durée ou par son étendue géographique. L’absence de cellules anticipation, communication ou décision structurées, dont les membres soient identifiés et disposant de locaux adaptés distincts de la salle opérationnelle, l’inadaptation générale des locaux à un fonctionnement dans la durée, les insuffisances des outils numériques (système d’information géographique absent, main courante informatisée non partagée), l’absence de règlement du COD ».

Cette année encore soumis à des événements climatiques majeurs, le sud de la France semble pourtant ne pas être complétement rodé à la gestion de crise et à son anticipation. A l’heure où la communauté des experts annonce une croissance exponentielle de la virulence et de l’occurence de ces crises climatiques, le rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable tire la sonnette d’alarme.

Consultez le rapport ici

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