« Le 23 mars, nous avons été très vite auprès des otages »
Suite à la prise d’otages et l’attaque terroriste de vendredi 23 mars dans un supermarché de l’Aude (11), l’association France Victimes a été diligentée par le ministère de la Justice pour venir en aide aux victimes et impliqués. Retour sur les actions menées par cette association lors de cet épisode dramatique et sur la pertinence de ses missions quotidiennes.
Entretien avec Olivia Mons, porte-parole de France Victimes
” Dans ces situations exceptionnelles, |
Quelles sont les missions de France Victimes ?
France Victimes est une fédération d’associations d’aide aux victimes qui regroupent 130 associations sur l’ensemble du territoire. Nous aidons les victimes d’infractions – c’est à dire tout fait qui peut recevoir une qualification pénale – ou de catastrophes naturelles grâce à des professionnels formés en conséquence. Plusieurs services sont à la disposition des victimes : informations juridiques, soutien psychologique et accueil social. Tout cela dans un esprit d’écoute empathique envers les personnes touchées. Nous avons deux plus-values : être présents partout sur le territoire et disposer d’équipes professionnelles pluridisciplinaires qui ont à cœur de prendre en charge et en considération les victimes dans la globalité des conséquences et des répercussions de l’acte subi.
Comment avez-vous été mobilisés suite à l’attaque terroriste du vendredi 23 mars ?
Nous sommes totalement intégrés au processus judiciaire. France Victimes est sollicitée par le ministère de la Justice, et de façon concomitante, notre association de Carcassonne l’a été par le préfet, aux côtés de la CUMP (cellule d’urgence médico psychologique, ndlr) et des associations de sécurité civile. Nous avons donc été très vite auprès des otages. Nous ne sommes pas pour autant dans l’urgence absolue, nous n’intervenons bien entendu pas sur les blessures physiques, mais nous sommes sollicités pour intervenir dans une post crise immédiate, et ce afin de permettre une libération de la parole, une prise en considération psychologique, humaine et morale des victimes, mais aussi pour les informer. Notre présence dans ce processus est importante car nos associations vont avoir à accompagner les victimes au long cours.
Quels liens entretenez-vous avec les acteurs du secours ?
Nous intervenons notamment en complémentarité de la CUMP, qui peut déployer beaucoup de personnels, mais qui ne restera pas longtemps. Nous avons cependant encore du mal à être identifiés par les différents acteurs du secours car nous avons des compétences très larges, contrairement à eux qui ont des compétences très techniques. Mais nous y arrivons de plus en plus. Nous prenons pleinement conscience de notre rôle, et de celui que l’Etat nous fait jouer dans cette période d’urgence. Nous nous sommes d’ailleurs rapprochés du Conseil national de la protection civile pour mieux interagir avec les acteurs du secours.
Etes-vous impliqués après la crise ?
Bien entendu. Quand on commence à prendre en considération une victime, on ne la lâche plus, tant qu’elle a besoin de nous. D’ailleurs, nous réitérons régulièrement nos offres de services, notamment auprès des victimes d’actes terroristes. Elles sont généralement suivies pendant quelques mois, reçoivent de multiples sollicitations, puis d’un coup, plus rien… Les gens oublient vite. Suite aux attentats du 13 novembre, il a fallu un an et demi à certaines victimes pour venir nous voir. Dans ces situations exceptionnelles, le temps est propre à chaque personne et nous devons être là quand elles en ont besoin. C’est pourquoi nous avons développé la plateforme téléphonique 08victimes, qui s’adresse à toutes les victimes d’infractions, directes ou indirectes.