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Incendies : une pénurie de moyens ?

Les incendies qui se sont déclenchés lundi dans le sud-Est et en Corse se poursuivent ce jeudi. La France a dû faire appel à l’aide de l’Union européenne. Est-ce le signe que notre pays, pourtant à la pointe dans la lutte contre les feux de forêts, s’essouffle ? Les sapeurs-pompiers disposent-ils de moyens suffisants ? Tentative de réponse…

4000 hectares partis en fumée. Près de 2000 sapeurs-pompiers mobilisés. Les incendies qui ont débuté lundi dans le sud-Est de la métropole et en Corse se poursuivent. Alors que 19 avions bombardiers d’eau ont été dépêchés, dont 10 canadair, 7 tracker et 2 dash, la France a sollicité mardi l’aide de l’Union européenne. Pour l’heure, un canadair italien est venu en renfort. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb a annoncé dans la foulée la commande de six bombardiers d’eau supplémentaires de type dash 8 qui viendront en soutien dans les années à venir pour lutter contre les incendies de forêts. “La flotte est aujourd’hui suffisante en France, mais doit faire l’objet à chaque fois d’un entretien quand elle revient à terre”. Un avis que ne partage pas forcément la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), et son président Eric Faure qui se fait l’écho d’un épuisement des personnels et réclame l’envoi de colonnes de renfort. “Pour certains sapeurs-pompiers, des jours entiers se succèdent. On a trop de feux par rapport au nombre d’engins aériens, c’est une course incessante”.

 

En situation dégradée

Alors qu’elle avait déja tiré la sonnette d’alarme avant l’élection présidentielle, la FNSPF s’est fendue mardi d’un nouveau communiqué pour le moins explicite. “La menace ne cesse d’évoluer alors que les moyens sont de moins en moins adaptés. Les sapeurs-pompiers évoluent dans un contexte difficile entre une contrainte budgétaire de plus en plus forte et des besoins toujours plus exigeants.” A l’heure de dresser un état des lieux, le constat est sans appel : la ressource de volontaires s’effrite, les effectifs des professionnels sont en baisse, les casernes ferment et les crédits d’investissements sont en net recul : – 25 % en 5 ans. Une tendance qui impacte directement les ressources en équipements, à en croire la FNSPF. ” Deux tiers des camions spécialisés feux de forêts (CCF) ne sont plus aux normes modernes et ne contribuent pas à une sécurité optimale pour les équipes engagées. Le renouvellement de la flotte aérienne nationale, prévu de longue date, se fait attendre – ce qui explique que le potentiel n’est jamais disponible à 100 %.” Autre difficulté : les sapeurs-pompiers ne disposent pas encore d’un outil informatique unique de gestion opérationnelle (SGO) déployé sur tout le territoire, contrairement à la police et à la gendarmerie. “La création de cet outil, annoncé en grande pompe au printemps dernier est, une fois de plus, menacée par la contrainte budgétaire.” Et la FNSPF de s’interroger : “comment gérer efficacement la lutte contre les feux, dont la coordination opérationnelle dépasse les frontières départementales, sans un tel outil ?”

 

Vers une grève de pilotes ? 

Une pénurie de moyens également dénoncée par un syndicat de pilotes de canadair qui a directement interpellé le préfet Jacques Witkowski, directeur général de la sécurité civile. Stéphane Le Bars, secrétaire général du Syndicat national du personnel naviguant de l’aéronautique civile (SNPAC) dénonce un manque de bombardiers d’eau opérationnels. ” Il manque quatre canadairs et un tracker en ligne de vol. La raison est simple : le manque de pièces détachées.” Et le pilote de canadair d’ajouter: “Si nous n’avons pas d’audiences auprès des ministres, un préavis de grève sera déposé.” La sécurité civile dispose de 23 bombardiers d’eau, dont 12 canadair, 9 tracker et 2 dash. Une flotte qui serait sur-employée de l’aveu même du directeur général de la sécurité civile.

Pour faire face aux incendies qui touchent actuellement le sud du pays, la FNSPF demande l’envoi immédiat de colonnes de renfort supplémentaires sur place afin de soulager les sapeurs-pompiers actuellement engagés. Au delà des contraintes opérationnelles, la Fédération appelle également à une prise de conscience collective, constatant que la quasi totalité des feux sont le fait d’imprudences ou de malveillances. Un impératif d’engagement citoyen qui passe selon elle par une véritable campagne de prévention et de sensibilisation au niveau national.

 

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