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L’enfant victime : un accompagnement à adapter

Spécialisée notamment dans la prise en charge des blessés psychiques, le docteur Hélène Romano s’est entourée d’un cercle d’experts et de professionnels de la protection de l’enfance pour rédiger l’ouvrage intitulé “accompagner en justice l’enfant victime de maltraitance ou d’accident.” Un livre qui vise à accompagner les acteurs de terrain amenés à travailler avec des enfants.

Drames, catastrophes, violences physiques, sexuelles, psychologiques ou négligence : l’enfant peut être exposé de nos jours à de multiples traumatismes qui, lorsqu’ils sont révélés, entraînent la mise en œuvre du processus judiciaire. Voilà le petit d’homme confronté à la Justice, cette institution d’adultes, qui, au lieu de le protéger ou de l’épargner, peut au contraire générer des souffrances supplémentaires, faute d’incompréhensions entre les attentes des professionnels de la Justice et la réalité du récit traumatique de l’enfant victime. Accompagnée par plusieurs experts et professionnels de la protection de l’enfance (éducateurs, juristes, psychologues, pédopsychiatres…), Hélène Romano a dirigé cet ouvrage. Son objectif ? Permettre à tous les acteurs de terrain travaillant auprès des enfants victimes de comprendre les enjeux auxquels ces derniers sont exposés afin qu’ils puissent les soutenir au mieux tout au long des procédures.

 Accompagner en justice l’enfant victime de maltraitance ou d’accident, Sous la direction de Hélène Romano, Dunod Editeur, 298 pages. Prix TTC : 27 €.

 

Trois questions à Hélène Romano, docteur en psychopathologie-HDR, spécialisée dans la prise en charge des blessés psychiques. 

“L’enfant n’est pas un homme en miniature”

 

A quels besoins répond votre ouvrage ?

Il y a une demande des acteurs de terrain (secours, psychologues, assistants sociaux, etc.) amenés à travailler avec des enfants. Bien souvent, ces professionnels ne connaissent pas le fonctionnement de la justice, faute de formations. Avec la judiciarisation de la société, ce besoin est d’autant plus prégnant. En effet, un enfant a aujourd’hui plus de risque de se trouver confronté au monde judiciaire qu’auparavant. 

Quel message adresser aux acteurs du secours qui prennent en charge des enfants ?

Ces acteurs ont une place considérable car ce sont eux qui vont être les premiers à pouvoir rassurer et protéger les enfants victimes. Ils doivent avoir les mots justes et la posture adéquate. Il faut par exemple s’adapter à l’enfant en adoptant un vocabulaire qu’il comprendra, ou des représentations dont il pourra s’emparer. Il faut se mettre à sa hauteur, savoir comment il pense, mémorise, ne pas lui mentir, etc. On ne parle pas à un enfant comme on parle à un adulte. L’enfant n’est pas un homme en miniature. Il ne peut pas témoigner facilement de ce qu’il a subi.

Quelle est votre principale préconisation pour améliorer la prise en charge d’enfants victimes ?

Tous les professionnels en contact avec des enfants devraient être formés. Il y a par exemple aujourd’hui des policiers ou des gendarmes qui ne savent pas comment procéder à l’audition d’enfants. L’Etat n’a pas pour l’heure de volonté d’améliorer la situation. L’élaboration d’un guide de bonnes pratiques commun permettrait d’unifier les connaissances et d’éviter de sur-victimiser des enfants déjà suffisamment blessés par les traumas subis.

 

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