Édito n°89
Crue centennale : une préparation capitale
« Belle bâtisse, les pieds dans l’eau. » Pas sûr qu’en pleine crue centennale de la Seine, l’annonce fasse rêver… En effet, outre les dégâts matériels provoqués par la montée des eaux, l’accès aux services essentiels, comme l’eau potable, l’électricité, le chauffage, les télécommunications ou encore les transports, seront dégradés, voire supprimés. Selon les estimations du Secrétariat général de la Zone de défense et de sécurité de Paris (SGZDS), sept millions de franciliens seront impactés sur les douze millions d’habitants que compte l’Ile-de-France. 630 000 personnes vivent même en zone inondable et un million en « zone de fragilité ».
Point positif : les crues de la Seine sont des phénomènes à cinétique lente. C’est en effet le ruissellement des eaux de pluies qui fait gonfler progressivement les cours d’eau. Il s’écoule donc plusieurs jours entre les pluies et la sortie du lit de la Seine et de ses affluents. Une décrue s’inscrit en revanche sur un temps long et le rétablissement complet de la situation peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Pour se préparer, le SGZDS a organisé du 13 au 17 octobre dernier un exercice majeur, baptisé « Hydros 25 ». Objectif : tester la coordination des différents services de l’Etat et des collectivités territoriales pour assurer la continuité des missions régaliennes, même dans un contexte dégradé. L’occasion aussi de tester les procédures d’alerte (FR-alert, médias, réseaux sociaux), et du dispositif ORSEC inondations. Dans un cas extrême, des déplacements de plusieurs centaines de milliers de personnes pourraient être envisagés. Une opération qui ne s’improvise pas le jour où la crise surgit.
Si la dernière inondation du siècle remonte à 1910 – on relevait alors 8,62 m au niveau de Paris-Austerlitz – les dernières inondations majeures datent de 2016 et 2018 avec environ 6 m de hauteur. Dans un contexte de réchauffement climatique, les inondations risquent d’être plus fréquentes et plus intenses. Il est urgent de repenser l’urbanisation galopante qui nous rend encore plus vulnérable qu’en 1910. Si personne ne dispose de boule de cristal pour prédire quand cette fameuse crue centennale se produira, la nécessité de se préparer coule de source.
Nicolas Lefebvre

