Covid-19 : prise en charge de l’arrêt cardiaque adaptée
Comme le rappelle la Fédération française de cardiologie, en France, chaque année, 40 000 personnes sont victimes d’un arrêt cardiaque. Le citoyen-sauveteur est l’un des maillons de la chaîne de secours, le premier. En cette période de crise sanitaire de nombreux comportements ont évolué notamment dans la prise en charge des arrêts cardiaques (AC) par les citoyens-sauveteurs ou par les équipes professionnelles, pompiers, ambulanciers, sauveteurs-secouristes du travail et personnels médicaux.
L’attention médiatique est focalisée sur le nombre de victime des affections à Covid-19, mais d’autres pathologies tuent et continuent à tuer. Ainsi une étude publiée dans The Lancet Public Health montre une augmentation de 100 % des AC en Île de France. Le même phénomène est constaté dans des proportions diverses à New-York, en Californie et en en Italie, en particulier en Lombardie. La Société française de médecine d’urgence (SFMU), le Conseil français de réanimation cardio-pulmonaire (CFRC), SAMU Urgences de France et la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) édite deux documents de recommandation à destination du grand public d’une part et des équipes en structures d’urgence d’autre part. Le premier document, intitulé « Recommandations concernant la prise en charge des arrêts cardiaques de patients adultes par le grand public en période d’infections à Covid-19 » rassemble et adapte au système de soins préhospitaliers français les recommandations issues des travaux de l’ILCOR de l’AHA et de l’ERC.
Prendre en charge les arrêts cardiaques pendant la crise sanitaire
Les différentes préconisations sont donc le fruit de l’analyse des pratiques de différents pays pendant cette période ; elles permettent de continuer à prendre en charge les victimes d’AC sans mettre en danger les primo-intervenants. Elles concernent directement les gestes à réaliser en indiquant que :
- l’évaluation de la ventilation en s’approchant de la bouche du patient est contre-indiquée ;
- la réalisation du bouche-à-bouche est contre-indiquée.
Sur cette base, l’évaluation de la conscience se fait en secouant légèrement la victime, hors contexte traumatique et l’évaluation de respiration en regardant le thorax ou en posant la main dessus ; une technique qui rappelle celle du PHTLS. Concernant la réalisation des compressions thoraciques, il est indiqué que cette technique provoque des variations de pression intrathoracique et une ventilation a minima présentant un risque d’aérosolisation du virus. En conséquence la mise en place d’une réanimation cardio-pulmonaire (RCP) guidée par le SAMU-Centre 15 n’est pas prescrite de façon systématique. Elle concerne les cas suivants :
- Le sauveteur vit sous le même toit que la victime ;
- Le sauveteur est protégé par un masque ;
- La circulation du virus est faible dans la région d’intérêt ;
- L’absence de risque avéré ou potentiel d’infection à Covid-19 est probable.
Enfin avant de débuter les manœuvres de RCP, il est possible de couvrir la bouche de la victime sans gêner le passage de l’air ambiant avec un masque chirurgical ou un linge.
Adapter les prises en charge médicales
Le document à l’usage des professionnels, coordonné par Pierre-Géraud Claret, de l’université de Montpellier, est un recueil de recommandations organisationnelles et médicales individuelles pour guider la pratique des soignants. Elles sont au nombre de 39 réparties en cinq groupes :
- Organisation des soins pour les patients pris en charge au SAMU-Centre 15
- Organisation des soins pour les patients pris en charge en SMUR
- Prise en charge médicale en SMUR
- Organisation des soins pour la prise en charge ambulatoire des patients non graves
- Prise en charge médicale ambulatoire des patients non graves
Intervenir au travail
Bien que de nombreux salariés soit en télétravail, le monde des sauveteurs-secouristes du travail ne devait pas être oublié. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a publié trois règles simples sur la prise en charge des AC, chez l’adulte et chez l’enfant :
- face à une victime inconsciente, le sauveteur secouriste du travail recherche des signes de respiration en regardant si le ventre et/ou la poitrine de la personne se soulèvent. Il ne place pas sa joue et son oreille près de la bouche et du nez de la victime.
- face à un adulte en arrêt cardio-respiratoire, le sauveteur secouriste du travail pratique uniquement les compressions thoraciques. Il n’effectue pas de bouche-à-bouche. L’alerte et l’utilisation du défibrillateur automatisé externe restent inchangées.
- face à un enfant ou un nourrisson en arrêt cardio-respiratoire, le sauveteur secouriste du travail pratique les compressions thoraciques et le bouche-à-bouche. L’alerte et l’utilisation du défibrillateur automatisé externe restent inchangées.
Enfin de nombreux acteurs étatiques et associatifs rappellent les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour porter un masque, notamment pour le mettre :
- Lavez-vous les mains avec de l’eau et du savon ou une solution hydro-alcoolique ;
- Inspectez le masque et assurez-vous qu’il n’y a pas de trous, déchirures ou dégradations ;
- Porter le masque sur une peau nue, en évitant le contact avec les cheveux ;
- Ne modifiez jamais le masque de quelque façon que ce soit.
et l’enlever :
- Lavez-vous les mains avec de l’eau et du savon ou une solution hydro-alcoolique ;
- Décrochez les lanières élastiques ou les liens pour décoller le masque de votre visage ;
- En attendant de le laver, isolez-le dans un sac en plastique ;
- Si le masque est déformé ou usé, jetez-le dans une poubelle qui se ferme ;
- Pour terminer, lavez-vous à nouveau les mains avec de l’eau et du savon ou une solution hydro-alcoolique.
L’ensemble de ces recommandations confirme l’impérieuse nécessité de la formation des citoyens à la prise en charge des AC mais plus largement à la réaction indiquée en cas de crise majeure, sanitaire ou non.
Liens utiles :
Publications de la SFMU
Site de l’INRS
Recommandations du gouvernement