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La sécurité des sapeurs-pompiers passée au crible

Une audition de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) a eu lieu au Sénat mercredi 15 mai. Objectif : trouver des solutions face aux risques de violences auxquels peuvent être confrontés les sapeurs-pompiers.

« Quand un pavé est jeté contre un camion rouge, nous sommes tous visés » lance en préambule Grégory Allione, président de la FNSPF. L’audition au Sénat s’inscrit dans le cadre de la mission d’information relative à la sécurité des sapeurs-pompiers. Selon le président de la FNSPF, les violences sur les soldats du feu ont augmenté de 20 à 25 % chaque année, et constituent  selon lui un phénomène de société. « On n’attaque plus les pompiers pour s’amuser, mais pour atteindre une force, on atteint la République »,  précise-t-il. « Ce sujet mérite une démarche de plus long terme, un rapport et des propositions », souligne  la sénatrice Catherine Troendlé.

 

Vers des soldats de la santé ?

Pour les sapeurs-pompiers, les contextes d’agressions sont multiples. Dans les zones urbaines où les agressions sont de plus en plus nombreuses, les forces de l’ordre n’accompagnent plus les secours. Et à la suite d’accident des victimes, par peur d’être dénoncées aux forces de l’ordre, peuvent aussi devenir violentes envers les intervenants. Autre situation : lors de la prise en charge de personnes incarcérées et transportées vers des hôpitaux, les sapeurs-pompiers ne sont plus systématiquement accompagnés par les agents pénitenciers. Avec un risque d’agression accru pour les équipes d’intervention. Le dépôt de plainte n’est pas non plus systématique par crainte des représailles, en particulier en zone rurale où les victimes peuvent craindre d’être confrontées à leur agresseur. Mais ces attaques ne sont pas les seules difficultés pour les acteurs du secours. La désertification médicale entraine une augmentation du nombre d’interventions. « Les sapeurs-pompiers, appelés aussi soldats du feu, deviennent aussi des soldats de la santé », souligne Phillipe Bas, le président de la Commission des lois du Sénat. Le nombre exact d’agressions n’est pas connu car l’organisation hétérogène des SDIS de France ne permet pas une remontée d’informations homogène.

 

Des solutions difficiles à mettre en place

Plusieurs solutions sont proposées pour tenter de mettre fin à ces violences. Des mesures plus ou moins faciles à mettre en oeuvre. Un système de caméra piéton va être testé par des SDIS, mais le droit à la vie privée limite ce recours. La protection individuelle des intervenants – via par exemple l’utilisation de gilets pare-balles – et des véhicules a un coût très élevé. Il n’en reste pas moins que des solutions proposées pendant cette audition sont plus facilement réalisables. Didier Richard, de la FNSPF propose de créer un rassemblement virtuel. Objectif : créer un lieu d’échanges et de soutien dans la commnuauté des soldats du feu. « Si cela n’est pas possible de rassembler tous les sapeurs-pompiers en même temps, il est possible de les rassembler virtuellement » conclut-il. De son côté, le colonel Allione évoque « l’idée d’une éducation citoyenne dès le plus jeune âge, permettant aux plus petits l’apprentissage des gestes de bonne conduite. Les sanctions pénales doivent aussi être plus fortes et immédiates. » Le rapport de cette audition ne sera pas communiqué avant l’automne 2019. Ces conclusions et réflexions pourraient à l’avenir profiter à d’autres professionnels (infirmiers, enseignants…) confrontés eux aussi à des violences.

 

 

 

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