L’analyse radar aide à la compréhension des incendies
Les radars détectent les fumées dès lors qu’elles s’élèvent en altitude or l’analyse de ces données permet de mieux comprendre le phénomène de convection des feux. Jean-Baptiste Filippi, chercheur au CNRS vient d’en faire la démonstration à propos du grand incendie qui a ravagé les environs de Ribaute, cet été.
Surveiller l’évolution d’un feu de forêt voire l’anticiper sera-t-il bientôt possible sans moyens aériens ? C’est peut-être ce que laissent entrevoir les travaux de Jean-Baptiste Filippi, chercheur en calcul au sein du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ce spécialiste de l’Université de Corse s’intéresse à la prévention des incendies dans le cadre du programme FireCaster, destiné à améliorer les prévisions et la gestion de crise.
Ses derniers travaux lui ont permis d’exploiter les signaux radar des fumées dont la modélisation en 3D permet de suivre les phénomènes de convection. En exploitant des données provenant de Meteo France et de Aeris, le chercheur a fusionné des informations provenant de quatre radars (Bollène, Nîmes, Toulouse, Montclar) encadrant le territoire de Ribaute. Ces équipement détectent en effet les panaches dès lors qu’ils atteignent 1 300 m d’altitude.
Suivre le feu à la trace
Dans une video publiée sur LinkedIn, Jean-Baptiste Filippi montre que les premiers signes de convection à Ribaute, étaient détectables dès 16h20. Le panache a atteint 2 500 m d’altitude, à 16h43. Après une phase de stabilité jusqu’à 17h24, le feu a ensuite gagné en intensité pour atteindre 4 000 m, après 18h10. A 19h45, puis à 20h20, les radars ont détecté d’autres zones de convection. Le feu s’est déplacé vers l’Est puis de nouveau vers l’Ouest. Des mouvements que le radars ont été capables de suivre, même dans l’obscurité, une fois la nuit tombée.
Ces observations permettront d’améliorer la prévention mais également d’aider à la prise de décisions opérationnelles. « On peut désormais regarder en cours de feu vu que ce sont des données qui sont en temps réel », souligne le chercheur. Elle sont également fiables car les signaux radars représentent « un très bon marqueur de la convection atmosphérique », ajoute-t-il. De quoi ouvrir des perspectives aux sapeurs-pompiers pour la lutte contre des incendies d’une ampleur de plus en plus spectaculaire.