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Des ambulances françaises en Ukraine

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, nombre d’acteurs du secours ont décidé d’apporter leur aide et leur soutien aux victimes du conflit. C’est le cas d’Assistance Ambulance qui a lancé un convoi de dons vers l’Est. Gérant de l’entreprise qui intervient dans la métropole nantaise, Patrick Youx a répondu aux questions de Secours Mag.

Pourquoi avez-vous décidé d’apporter votre aide aux secours ukrainiens dans cette guerre ?

Tout simplement parce que c’est l’Europe, ce n’est donc pas loin. Tous les ambulanciers engagés ont une volonté commune : ne pas rester inactif face à un drame qui se situe à deux jours d’ambulance d’ici. Il fallait que nous apportions notre pierre à l’édifice sans prendre parti pour qui que ce soit, car une victime est une victime. Nous voulions tout simplement aider, nous ne pouvions pas rester sans rien faire. Ce qui est important c’est de montrer à la population qu’elle n’est pas abandonnée et qu’il y a une solidarité internationale qui apporte une contribution pour tenter de soulager la détresse humaine.

En tout, 70 véhicules ont été conduits jusqu’à la frontière ukrainienne, en Pologne

Patrick Youx

Quelles sont les principales difficultés des secours ukrainiens dans cette guerre ?

On voyait que nos collègues ukrainiens avaient de grandes difficultés avec de nombreux blessés à évacuer, un manque de matériels, et des hôpitaux détruits. Beaucoup d’établissements de soins sont impactés par le conflit. Dans le Donbass situé à l’Est du pays, les multiples victimes nécessitent des évacuations vers l’Ouest. De nombreux véhicules ont été détruits dont certains ayant été livrés. Il faut donc renouveler les livraisons et les transferts. Un de mes collègues de Lyon est reparti aussitôt après son arrivée, car un enfant blessé nécessitait des soins intenses en Allemagne. Il manque des médecins dans les hôpitaux à Kiev. Il faudrait que les blocs tournent 24h/24 mais nous savons très bien que ce n’est pas possible.

Concrètement, en quoi a consisté l’engagement d’Assistance ambulance en Ukraine ?

Nous avons donné des ambulances qui sont encore en bon état, malgré leur fin de service. Nous les avons restaurées afin de leur donner une seconde vie, une seconde utilité. Nous avons également livré du matériel médical et du matériel de première nécessité. En tout, 70 véhicules ont été conduits jusqu’à la frontière ukrainienne, en Pologne. La livraison s’est faite par convois de 20 véhicules maximum réceptionnés à la frontière avant d’être dispatchés. Ce sont principalement des convoyeuses, des femmes ukrainiennes, qui ont réceptionné ces véhicules. Beaucoup ont été livrés vers l’Est, à côté des zones de conflits et dans les zones de conflits, là où on en a le plus besoin.

Tous les ambulanciers engagés ont une volonté commune : ne pas rester inactif face à un drame qui se situe à deux jours d’ambulance d’ici.

Patrick Youx

Comment tout cela s’est organisé dans ce contexte de guerre ?

Nous avions un road book prêt indiquant les hôtels où s’arrêter sur le chemin et où livrer les véhicules. Nous avions également des interprètes pour communiquer avant de les dispatcher, et nous travaillions avec quatre organismes au total, nationaux et internationaux, comme Rubikon et MSF (Médecins sans frontières). Le but était de prendre contact avec des associations sur place. C’est ainsi que l’association Solidarité ambulancière France-Ukraine a vu le jour. Plus d’une centaine d’ambulanciers venant de tout le territoire national se sont portés volontaires pour livrer les ambulances jusqu’à la frontière.

Aujourd’hui, où en êtes-vous dans votre engagement ?

Les véhicules ont montré leur efficacité dans le cadre des transferts et l’apport de personnels aussi, car ils permettent au système de tourner au quotidien. Le fait d’effectuer ces longues évacuations vers la Pologne permet d’alléger le système des secours, celui-ci étant plus que sous tension dans le sud et l’est du pays. Notre aide est une goutte d’eau surtout lorsque l’on voit la situation sur place et les besoins importants qui subsistent. 70 véhicules, cela paraît énorme mais à l’échelle d’un pays cela reste faible malgré tout. Actuellement, nous nous occupons d’une association franco-ukrainienne nommée TRYZUB afin d’envoyer le matériel de première nécessité et les couvertures pour l’hiver au début du mois de septembre. Nous récupérons pas mal de dons (matériel médical, de soin) des hôpitaux et des centres de santé en France. Pour l’instant, nous essayons de nous organiser avec les Polonais pour les futurs envois de personnes et de matériels. Actuellement, nos besoins les plus sensibles concernent les ambulances et matériels de transport de corps, donc nous comptons sur la générosité des sociétés d’ambulances ayant des véhicules en fin de vie. Au final, l’action a été extraordinaire sur un temps très court. L’hiver approche, et nous aurons en conséquence besoin de plus de matériel alors que la collecte de véhicules devient compliquée. Les besoins sont encore considérables alors tout est bon à prendre.

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