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Cross de Pontivy, l’Ordre de Malte au départ

Avec la reprise des événements sportifs ou festifs, les associations agréées de sécurité civile retrouvent le chemin des dispositifs prévisionnels de secours. Peu importe l’ampleur de l’événement, c’est surtout le plaisir d’être ensemble et de pratiquer à nouveau des gestes secouristes qui motivent les bénévoles. Et au sein de l’Ordre de Malte du 56 (Morbihan), cohésion et savoir-faire sont deux ingrédients qui participent activement à la recette de la réussite.

En cette fin du mois de janvier, le froid est vif en Bretagne. Pourtant, malgré un ciel couvert, la journée s’annonce sans pluie. Les chemins de terre encore humides qui sillonnent l’hippodrome prouvent que la météo n’a pas été toujours clémente ces derniers jours. En s’y frayant un chemin, les premiers véhicules de l’Ordre de Malte venus assurer le dispositif prévisionnel de secours (DPS) éprouvent des difficultés. Les roues glissent mais grâce à quelques manoeuvres bien senties, les conducteurs arrivent au point de ralliement sans encombre. Les bénévoles ayant répondu présents pour assurer la sécurité des coureurs et du public à l’occasion de ce cross viennent de tout le département, et même d’un peu plus loin. Secouristes du Maine-et-Loire ou du Finistère sont ainsi venus renforcer les troupes. « Nous avons l’habitude de nous croiser sur des DPS de grande envergure, comme à l’occasion du Festival du bout du monde (festival de musique situé dans le Finistère qui peut rassembler jusqu’à 20 000 personnes par jour, NDLR), explique Damien, secouriste depuis quatre ans. Du coup, nous venons facilement nous prêter main forte entre départements quand le besoin s’en fait ressentir, même sur des dispositifs moins importants. »

A l’occasion de ce championnat de cross, 20 intervenants-secouristes, un chef de secteur et deux logisticiens sont nécessaires pour honorer la demande de l’organisateur. 2 000 coureuses et coureurs sont attendus, mais aussi 3 000 personnes venues les encourager. Alors que le taux de contagion du Covid commence à diminuer, les membres de l’organisation de l’événement parient sur la présence d’un public important. L’avenir leur donnera raison.

Sur la ligne de départ

Pour l’heure, l’hippodrome est encore bien vide. Il n’est pas encore 9 heures et le poste associatif médicalisé (PAM) est déjà monté. Les secouristes installent les lits de camp, ainsi que tout le matériel de prompt secours qui sera nécessaire aux victimes. Les radios sont vérifiées une à une. Le volet logistique est confié notamment à Thomas, équipier secouriste depuis 2019. « Je suis d’abord entré dans l’association pour faire de la logistique, explique ce dernier. Ma formation de secouriste est arrivée ensuite. La logistique, c’est une des clés de la réussite d’un DPS, même si elle représente la partie immergée de l’iceberg. »

A 9h10, Alexis, le chef de section, rassemble ses troupes. Il forme les binômes, indique leurs emplacements sur le parcours, les missions de chacun. « La particularité sur ce DPS, c’est le nombre de courses. Il y en a 13 qui s’enchaînent les unes après les autres, donc il faut être tout le temps sur le qui-vive, particulièrement sur la ligne d’arrivée. » Heureusement, les conditions météorologiques sont plutôt bonnes : température fraîche qui ne devrait pas occasionner de coups de chaleur, et absence de pluie, ce qui limite le risque de chutes. Ce type de manifestation sportive dispense généralement son lot de traumatismes légers des membres inférieurs ou quelques malaises liés à l’effort. Ceci n’empêche pas de rester toujours extrêmement vigilant, car des complications peuvent toujours survenir. « C’est une course de niveau régional, qualificative pour les demi-finales des Championnats de France, explique Roland, médecin bénévole de la Fédération française d’athlétisme, qui participe à la médicalisation du dispositif. De fait, ce sont des coureurs entraînés qui bénéficient d’un suivi médical régulier. Nous allons principalement faire face à des blessures musculaires et tendineuses », augure ce dernier.

Coup de feu

Alors que les équipes sont en place depuis une bonne demi-heure, le coup de feu signalant le premier départ retentit. Les coureurs s’élancent sur un parcours qui n’est pas réputé difficile, mais réserve tout de même une certaine complexité. Des relances régulières sont nécessaires pour affronter les nombreux faux-plats qui jalonnent le parcours. Sur l’une de ses boucles, un coureur s’arrête brusquement et se met à boiter. Il est immédiatement pris en charge par l’équipe du VPSP (véhicule de premiers secours à personnes) située à quelques mètres. Le coureur est installé à l’arrière du véhicule où un premier bilan est réalisé puis transmis au PAM. Les constantes du sportif sont normales et sa jambe ne laisse présager aucune fracture. Une poche de froid est apposée sur la cheville, tandis qu’un binôme en quad se présente sur les lieux. La victime peut être transportée assise sans difficulté, et sera donc acheminée par ce moyen de locomotion jusqu’au PAM, afin que le médecin l’ausculte. Casque de rigueur sur le crâne, le coureur semble à la fois déçu de ne pas pouvoir terminer l’épreuve, mais agréablement surpris d’être pris en charge de façon si originale.

A bout de souffle

Au cours de la journée, les épreuves s’enchaînent. Certains coureurs jouissent d’une petite notoriété dans la région, et le speaker s’en saisit pour faire monter l’ambiance chez les spectateurs. En début d’après-midi, le public s’entasse sur la ligne d’arrivée, pour acclamer les sportifs les plus cotés. C’est à cet endroit précis également que les secouristes de l’Ordre de Malte se sont rassemblés en plus grand nombre. Exténués par l’effort, certains athlètes s’effondrent à peine franchie la ligne qui symbolise la fin de la course. Aidés par des membres de l’organisation, les secouristes veillent notamment à écarter le plus rapidement possible les coureurs de cette ligne, pour ne pas créer un embouteillage humain susceptible de provoquer des collisions. Les coureurs qui tiennent encore sur leurs jambes sont épaulés et dirigés un peu plus loin, tandis que ceux qui s’effondrent sont relevés immédiatement et surveillés avec attention. Au PAM, les secouristes accueillent les sportifs qui se présentent spontanément. Suite à une chute, l’un d’eux s’est blessé à la jambe. Une coupure de quelques centimètres de long laisse échapper un filet de sang. Après nettoyage de la plaie et désinfection, le coureur retourne à sa journée paré d’un beau pansement. « Ce ne sont pas forcément les DPS sur lesquels nous allons être confrontés à des pathologies très sévères, mais ils permettent de nous retrouver, de maintenir nos acquis, explique Kevin, chef d’équipe et secrétaire de l’Ordre de Malte du Morbihan. La cohésion, c’est primordial. Il faut rester à l’écoute des bénévoles, leur faire plaisir tant que possible sur le choix des DPS. » Tous semblent en tout cas ravis d’être présents. Car si la période Covid n’a pas été chômée, avec l’aide au lancement de centres de tests, ou encore quelques transports de malades, les bénévoles de l’Ordre de Malte 56 sont heureux de reprendre « une activité normale » pour mettre à profit leurs véritables compétences. Après une quarantaine de prises en charge pour des blessures légères, les secouristes s’affairent à ranger leur matériel et s’apprêtent à repartir avec deux certitudes : celle du travail bien fait et l’envie de se revoir pour de nouvelles aventures.

Texte et photos : Sylvain Ley

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