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Défibrillateurs : l’enquête révélatrice !

En fin d’année 2021, le CIRCODEF (Comité d’informations et de recommandations pour les défibrillateurs automatisés externes) a publié les résultats d’une enquête articulée autour de différentes thématiques touchant aux DAE. Les réponses ont été nombreuses et permettent de tracer un éventuel chemin qui pourrait être suivi pour améliorer le fonctionnement des défibrillateurs et accroître leur installation.

Lors du salon Secours Expo 2021 – en version digitale du fait de la situation sanitaire – le CIRCODEF a eu l’opportunité de soumettre une série de questions à des professionnels aux profils différents mais tous impliqués d’une façon ou d’une autre dans l’utilisation, l’achat ou la maintenance de défibrillateurs automatisés externes (DAE) : exploitants ou gestionnaires de DAE pour une collectivité ou une association, une entreprise ou un établissement commercial, acheteurs, vendeurs ou encore médecins, infirmiers, ou secouristes… Ils ont été plus de 150 – un chiffre au-delà des espérances du CIRCODEF – à répondre au questionnaire qui leur a été proposé. Ce panel représentatif de la sphère des usagers – aussi différent l’usage soit-il – des DAE français a permis de construire une enquête aux résultats des plus significatifs, et en tout cas constructifs pour continuer à développer la présence de DAE fonctionnels dans notre environnement quotidien. Organisée autour de trois thèmes (maintenance des DAE ; installation de DAE dans les établissements ; installation de DAE dans les immeubles ou ensemble d’habitations), cette enquête a ensuite été dépouillée et analysée par les membres du CIRCODEF.

Profils et nombre de sondés par catégories (c) CIRCODEF

Maintenance des DAE

Sur cette thématique, deux questions ont été posées aux sondés. La première consistait à connaître leur sentiment sur l’éventualité d’une définition précise édictée par les pouvoirs publics quant aux opérations à effectuer pour réaliser une maintenance efficiente des DAE. Sur ce point, une grande majorité des répondants (79,2%) estiment que cette définition est nécessaire. Actuellement considérée comme floue, entraînant des prestations variables, la maintenance doit être (re)cadrée et différenciée de la notion de « surveillance ». Il semble que les pouvoirs publics aient un rôle particulier à jouer sur ce sujet. Bien entendu, si certains craignent un contrôle qui devienne coûteux et contraignant, alors que tout pourrait être fait en interne, la majorité s’exprime sur la nécessité de clarifier et d’uniformiser la maintenance pour réduire la proportion de DAE non-fonctionnels. Le CIRCODEF rappelle en effet en liminaire de son enquête que « les professionnels (fabricants, sociétés de vente et de maintenance…) estiment que 20 à 30 % des défibrillateurs ne sont pas opérationnels ».

La seconde question cherchait a envisager la périodicité la plus adaptée pour une visite de maintenance sur site par un professionnel. 72,7% des sondés ont trouvé judicieux qu’une visite annuelle soit organisée, contre 16,2% tous les deux ans et 11% tous les trois ans. Ceci étant, sur l’ensemble des répondants qui promeuvent une visite annuelle, il convient de noter qu’une part plus importante de ces répondants sont impliqués dans la vente ou la maintenance de DAE, comparés à ceux qui représentent des structures d’entreprises ou de collectivités voire d’associations. C’est évidemment le coût engendré par cette maintenance qui explique ce décalage.

(c) Sylvain Ley

Installation de DAE dans les établissements

C’est la seconde thématique explorée par le CIRCODEF. Ce dernier a cherché à savoir si, à l’image de l’obligation légale qu’ont aujourd’hui les ERP (établissements recevant du public) de s’équiper en DAE, il serait productif que certaines entreprises non ERP soient également soumises à cette obligation. 87,7% des sondés répondent positivement. Bien entendu, ici encore, 100 % des vendeurs ou impliqués dans la maintenance des DAE y sont extrêmement favorables, alors que « seuls » 68,75 % des acheteurs pour une collectivité ont répondu favorablement (ce qui reste tout de même une moyenne honorable). Enfin, plus de 91 % du groupe représentatif des acteurs du secours et des soins d’urgence ont aussi répondu « oui » sur ce sujet. Quant à savoir quelle sera la jauge de personnes travaillant sur le site en question (+ de 10, 20, 50 ou 100 personnes), les réponses sont plus difficiles à analyser car elles se partagent plus ou moins équitablement, sauf pour la réponse « + de 100 personnes » qui ne concentre que 6 % des sondés. Le CIRCODEF, pour sa part, engage à tenir compte de l’environnement de l’entreprise (zone isolée ou fortement urbanisée, accessibilité des secours…). Le Conseil français de réanimation cardiopulmonaire avait pour sa part retenu la notion d’activité de l’entreprise et l’âge moyen de son personnel.

(c) Sylvain Ley

Installation des DAE dans les immeubles

C’est le dernier thème de cette enquête, et non des moindres. Aujourd’hui, les immeubles ou ensemble d’habitations ne sont pas soumis à une réglementation concernant l’installation de DAE. Même si la pure logique – ou tout simplement les chiffres, avec 70 % des ACR qui ont lieu au domicile – conduisent naturellement à s’en étonner. Alors que les règles sont clairement établies pour les extincteurs, elles font cruellement défaut pour les DAE. D’après l’enquête du CIRCODEF, 84,4 % des sondés pensent qu’ils devraient être obligatoires dans les immeubles ou ensemble d’habitations. Là encore, le débat porte alors sur le nombre d’habitants minimum. Le CIRCODEF estime ce nombre à 100. Quant aux moyens qui permettraient de faciliter cette installation, il semble qu’une subvention de la part de l’Etat est la solution plébiscitée. Ceci étant, ramené au nombre de logements, le prix d’un DAE comparé au service rendu est minime. C’est donc encore une question de mentalités à changer, de « culture » à développer. Légiférer à ce sujet pourrait-il aider à prendre ce chemin ou serait-ce perçu comme « une règle de plus » qui atténuerait la responsabilité propre de nos concitoyens ? La question peut se poser. Elle se posera d’ailleurs, parmi beaucoup d’autres, à l’occasion du salon Secours Expo, notamment lors de la conférence « DAE : une chaîne de survie à renforcer » du jeudi 10 mars, de 15h à 17h. N’hésitez pas à venir y chercher vos réponses !

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