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SFMC : les enfants passés au crible

La Société française de médecine de catastrophe (SFMC) organisait le jeudi 24 janvier 2019 un colloque intitulé « Enfants et catastrophes ». Un rassemblement qui a fourni de nombreux enseignements sur une prise en charge pédiatrique spécifique qui l’est d’autant plus dans un contexte de nombreuses victimes.

Rare et redoutée, la prise en charge d’enfants en grand nombre souffrants de traumatismes graves constitue pour autant une réalité. La prise d’otages de Beslan en 2004 en Russie l’a prouvé : sur les 331 victimes recensées, 186 étaient des enfants. En France, l’attentat de Nice en 2016 fut un tournant. Sur les 86 morts, 13 étaient des enfants ou des adolescents. L’hôpital pédiatrique de Lenval a ainsi accueilli, en 90 minutes, 47 patients : 35 enfants et 12 adultes. Une intervention qui a révélé de nombreuses difficultés organisationnelles, des problèmes de communication interne et d’identitovigilance… Principal enseignement des RETEX : les équipes pédiatriques sont moins bien préparées à ce genre de pathologies traumatiques que les équipes adultes.   

             

S’adapter à l’enfant

L’enfant n’est pas un adulte en miniature. Il faut donc adapter les principes généraux du damage control aux particularités des victimes pédiatriques. Et tenir compte de leurs caractéristiques anatomiques, comportementales, et de leurs spécificités physiologiques déterminant les posologies. Des spécificités qui justifient une prise en charge spécialisée avec du personnel formé et du matériel adapté à leur morphologie. Pour ce faire, des services de secours et de soins d’urgence se dotent de nouveaux équipements, à l’image de garrots tourniquet pédiatrique. Autre avancée : le Poste sanitaire mobile (PSM) pédiatrique. Conçu pour des victimes âgées de moins de 10 ans (moins de 30 kg environ), le PSM est réparti en 11 malles maximum transportables dans une remorque dédiée. Alors qu’un déploiement national a été initié en février 2017, la doctrine prévoit à terme de couvrir l’ensemble des établissements de santé sièges de SAMU à l’horizon 2019. Au total, ce sont 105 PSM pédiatriques qui seront déployés sur le territoire national. 

Quid de la post intervention. Que se passe t-il une fois la catastrophe passée ? Si la prise en charge d’enfants risque d’avoir un fort impact émotionnel sur les équipes de secours et de soins d’urgence pouvant nécessiter une prise en charge psychologique, quels sont les retentissements pour les victimes elles mêmes ? La recherche sur le devenir psychologique des enfants et adolescents impliqués dans un contexte de traumatisme de masse reste rare. Si par le passé les spécialistes ont pu penser que l’enfant était à l’abri du trauma en raison de son imaginaire inexact de la mort et de la plasticité de sa personnalité, les experts reconnaissent aujourd’hui que ce dernier est d’autant plus vulnérable du fait de sa dépendance aux adultes. L’urgence est de restaurer un sentiment de sécurité et de continuité par le biais notamment des liens intrafamiliaux. 

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