Pour ou ContreSecours Mag

Pour ou contre #18 : Sceller les sacs

Si de plus en plus de services de secours scellent leurs sacs à l’aide de petits plombs, le dispositif ne fait pas encore l’unanimité. La taille des structures et l’organisation déployée participent vraisemblablement au choix d’adhérer ou non à ce concept novateur.

Propos recueillis par Aurélie Renne

 

POUR

« Je pense que ce concept est très utile dans les grosses structures. Aux ambulances Roth par exemple nous sommes presque 50 ambulanciers, nous avons plus de 20 véhicules et plusieurs sacs de secours, car nous les avons divisés pour éviter les problèmes de dos (sac adulte, sac pédiatrie, traumatologie, etc.). Les sacs et véhicules sont très sollicités, ce qui rend cette option de sceller les sacs très utile dans l’inventaire quotidien de notre matériel. Concrètement, lorsque le contenu est vérifié ou bien après s’être servi de quelque chose, on remplace et on replombe. On a un réassort tampon dans le garage et un stock pharmacie. En général, lorsqu’un produit est manquant il est donc remplacé pendant une garde. En début ou fin de journée, s’il est plombé, cela signifie que tout est parfait à l’intérieur. Cela évite un inventaire complet tous les matins avec la vérification de chaque petite partie à sortir. C’est un gain de temps énorme… La marge
d’erreur est faible, car les sacs sont ouverts et
utilisés presque tous les jours. En outre, les
équipes du week-end ouvrent systématiquement
tous les sacs pour vérifier les péremptions et
tester le matériel. Ce
concept n’est cependant
pas adapté à toutes les
structures. Par exemple,
en tant que sapeurpompier,
j’appartiens à un petit centre de
première intervention : pas d’ambulance mais
un petit véhicule tous usages et peu de
sorties. Dans ce cas, ce n’est pas très utile de
sceller les sacs. Par ailleurs, ce concept
dépend aussi du sérieux des secouristes, car
certaines personnes peu scrupuleuses
replombent sans contrôle. Heureusement, nous
vérifions en aval, grâce à un suivi informatisé
au niveau des fiches inventaires ce qui nous
permet de savoir ce qui est bien fait ou non. »
« Un gain de temps
énorme »
Christophe Pousset,
ambulancier diplômé d’Etat à
Thyez (74) et sapeur-pompier
volontaire au Petit-Bornand (74)

 

CONTRE

« On déresponsabilise
le secouriste »

 

« Je ne suis pas franchement convaincu par ce
concept, car un ambulancier est de toute
manière amené à faire un check-up de son
véhicule et du matériel embarqué chaque jour.
En ce qui nous concerne, les équipages ont un
véhicule affecté, ils le connaissent, ce qui leur
permet d’assurer un suivi maximum. D’après
moi, ce système de
plombage doit
générer de
nombreuses erreurs.
A titre d’exemple,
l’ambulancier peut
avoir un matériel périmé qu’il n’utilise pas. Or,
si la trousse est sertie aucun intérêt de l’ouvrir…
Cela peut entrainer tout un tas de désordres, il
en va de même pour l’état des piles : le
sertissage n’empêche pas la présence dans la
trousse d’un matériel en mauvais état de
marche ! Quid du saturomètre dont les piles
sont usagées ? Ou de la lampe de poche dont
personne ne se sert et qui est inutilisable le
jour où on en a finalement besoin ? Dans la
mesure où l’ambulancier doit vérifier le
matériel embarqué, le véhicule et la cellule
sanitaire dans son ensemble, le plomb a une
utilité quasi mineure. La convention collective
dit d’ailleurs bien que l’ambulancier a
l’obligation de
vérifier que son
matériel est en
bon état d’entretien
et de marche… Le
plombage est une
perte de temps et cela casse le rythme que
s’impose l’ambulancier lors de la prise en
charge du véhicule. Nous devons veiller à
valoriser l’éducation à cette vérification du
matériel plutôt que de favoriser des moyens de
contrôle qui donnent l’impression que tout est
sous contrôle. Cette voie est celle de la
déresponsabilisation du secouriste… »

Marc Séguéla, président des
ambulances Bayard à
Toulouse (31)

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