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Pour ou contre #21 : Une formation de premiers secours au permis de conduire

Spécialistes de l’urgence ou de la sécurité routière, tous sont favorables à la formation du grand public aux gestes de premiers secours lors de la préparation du permis de conduire. Si beaucoup
d’avantages se dégagent, quelques points d’achoppement semblent cependant diviser.

Propos recueillis par Yann Bellon

 

POUR

« Intégrer des connaissances élémentaires »

« Il est essentiel de former de manière systématique l’ensemble de la population au secourisme. C’est un devoir citoyen qui devrait être accompli dès le plus jeune âge. Des expériences, menées notamment par le docteur Christine Ammirati du SAMU d’Amiens, ont démontré que les enfants pouvaient apprendre dès l’école maternelle des gestes très simples comme la transmission de l’alerte aux services d’urgence. Une formation de secourisme dispensée lors du permis de conduire devrait aussi intégrer des connaissances élémentaires, comme être capable de répondre aux questions du service de régulation du SAMU ou protéger les lieux après un accident. En revanche, la position latérale de sécurité et la libération des voies aériennes ne doivent pas être enseignées à un public non averti, car ces manœuvres risquent d’aggraver des blessures, notamment des lésions cervicales. Cette formation de secourisme doit s’inscrire dans le cadre d’un parcours civique qui accorde une place prépondérante à la formation continue. Les plus jeunes qui ont suivi un enseignement au collège pourront ainsi se remettre à jour et pratiquer à nouveau les gestes de base appris auparavant. De la même manière, ceux qui ont suivi le PSC1 ne devraient pas en être dispensés. »

Dr Michèle Muhlmann,
administrateur de l’Automobile club médical de France (ACMF) et vice-présidente du Collège français de médecine du trafic (CFMT)

 

CONTRE

« Responsabilité engagée »

« Apprendre les gestes qui sauvent à l’occasion du permis de conduire est une mesure à laquelle nous sommes plutôt favorables. Néanmoins, la mise en place d’une telle formation ne sera pas sans contrainte pour les auto-écoles, notamment les plus petites structures. Hormis le coût d’une telle prestation, la principale difficulté sera d’ordre organisationnelle s’il faut parvenir à combiner les plannings des apprentis conducteurs et de l’auto-école à ceux des formations en secourisme. Si les auto-écoles peuvent dispenser elles-mêmes l’apprentissage des gestes de premiers secours via leurs moniteurs, alors les structures d’emploi devront proposer à leurs employés de suivre une formation complémentaire de deux semaines. Un tel détachement engendre bien évidemment des coûts pour l’entreprise. A l’annonce de cette nouvelle formation, nous avons constaté des réticences, aussi bien du côté des moniteurs que des élèves conducteurs. La crainte est de voir leur responsabilité engagée s’ils devaient intervenir sur un accident routier. Une instruction de courte durée suffira-t-elle à leur fournir la maîtrise de gestes secouristes leur permettant de porter assistance à des victimes sans risquer d’aggraver leurs blessures ? La question mérite d’être posée. »

Patrick Crespo, président du réseau d’auto-écoles CER

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