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Billet d’humeur #46 : Dr Jean-Claude Deslandes

“ Ce n’est pas la couleur de la machine qui compte mais sa disponibilité ”

Dès l’apparition de ce qu’il est convenu d’appeler les « machines à voilures tournantes », des médecins ont eu l’idée de les utiliser pour secourir leurs blessés. L’histoire retiendra que le premier d’entre eux était le docteur Valérie André, médecin engagé volontaire lors de la guerre d’Indochine. Pour rester dans le domaine de la traumatologie, une décennie plus tard, le Pr Louis Serre, anesthésiste à Montpellier, fut l’initiateur du concept de médicalisation du secours pour porter l’art médical « du pied de l’arbre au bloc opératoire ». Il fut un des premiers patrons de ce qui sera plus tard l’organisation « SAMU » à solliciter l’emploi par son service d’hélicoptères, Alouette II, puis III.
Cet acronyme « SAMU » dans son esprit voulait dire Système d’aide médicale urgente, englobant tous les acteurs médecins de proximité, souvent médecins pompiers (il était d’ailleurs médecin-chef), et spécialistes hospitaliers. Cette conception intégrée de tous les acteurs s’est ensuite un peu perdue dans des ambitions de pouvoir, bien humaines, mais allant à l’encontre de l’efficacité, que ce soit pour le secours dit terrestre ou pour le secours héliporté. En ce qui concerne le domaine particulier du secours en montagne, la première tentative de sauvetage héliporté (il n’était pas question encore d’embarquer un médecin) fut engagée à la Noël 1966 pour secourir Vincendon et Henry, qui ont agonisé 10 jours dans la face nord du Mont-Blanc. Ce fut un échec. Mais des leçons furent tirées de cette intervention malheureuse, et le secours médical héliporté en montagne prouvera bientôt sa pertinence. Je ne pense pas trahir la pensée d’Emmanuel Cauchy (docteur Vertical), décédé il y a peu à Chamonix, et médecin de montagne expérimenté et reconnu s’il en fut, en avançant certaines vérités. Le secours médical héliporté en montagne ne s’improvise pas. Le médecin ne doit en aucun cas, dans ce milieu hostile particulier être une charge pour les alpinistes secouristes.
Il doit être autonome, et être capable d’assurer sa propre sécurité. Compte tenu de certaines conditions de sécurité, météorologiques notamment, le secours héliporté en montagne s’adresse surtout à des traumatisés, et le concept « d’heure d’or » s’applique là comme en secours routier. Ce n’est pas la couleur de la machine qui compte mais sa disponibilité. Ceci implique que les différents moyens héliportés soient intégrés dans un système commun animé par une centrale commune, permettant d’activer, en liaison avec tous les services professionnels médicaux, le meilleur secours au meilleur moment.

jean-claude deslandes

Dr Jean-Claude Deslandes, anesthésiste réanimateur, coordinateur des missions de formation médicale pour Airbus Helicopters

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