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Formations courtes : elles s’inscrivent dans la durée

En 2016, les initiations au secourisme ont connu un succès indéniable. Pour autant loin d’être une nouveauté, ces formations courtes ont vu le jour il y a plus de 20 ans. Déclinées en de multiples versions, elles ont évolué au fil du temps pour ne plus être cantonnées aux seuls gestes techniques du secourisme, mais avec l’objectif de faire de chaque citoyen un acteur de sa propre sécurité. Et donc aussi de celle des autres.

Les attentats n’auront pas eu que du mauvais. Loin d’être une provocation, ce constat vise à souligner la capacité de résilience et de sursaut de nos concitoyens. Au lendemain des attaques terroristes qui ont frappé l’Hexagone en janvier et novembre 2015, des initiations au secourisme, organisées notamment dans de nombreuses casernes de sapeurs-pompiers, ont vu le jour via la campagne “Devenez acteurs, initiez vous aux premiers secours.” Le label grande cause nationale 2016 attribué au collectif d’associations “Adoptons les comportements qui sauvent ” constitué autour de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), de la Croix-Rouge française (CRF) et de la Fédération nationale de la Protection civile (FNPC) a certainement contribué à médiatiser les formations de base au secourisme. Ces initiations courtes ont mis en évidence l’engouement pour l’apprentissage des gestes de premiers secours. Et la volonté de ne pas être victime mais acteur de sa propre sécurité. Un leitmotiv qui retranscrit dans les faits la préconisation de la loi de modernisation de la Sécurité civile de 2004 stipulant que la sécurité civile est l’affaire de tous. Pour autant de telles initiations ne datent pas d’hier.   

 

Fo.ur.mi : un concept précurseur

Demandez donc à Suzanne Tartière. Médecin régulateur au SAMU de Paris depuis plus de 25 ans, le Dr Tartière a été une pionnière en matière d’initiations au secourisme en créant le concept Fo.ur.mi pour FOrmation à l’URgence MInimum. “Au départ personne n’y croyait. Nous avons été des précureurs à une époque où l’enseignement de base du secourime était l’AFPS (ndlr, Attestation de formation aux premiers secours) qui s’organisait sur 12h ! Avec Fo.ur.mi, nous avons fait bouger les lignes où préexistait un certain conformisme rigide qui privilégiait la perfection du geste technique au détriment de sa réalisation. Et nous avons prouvé que le grand public peut apprendre des gestes d’urgence et avoir les bons réflexes, sous réserve que les savoir-faire techniques soient simplifiés. Prenez la PLS par exemple : si elle doit être exécutée à la lettre, cette technique renvoie à une chorégraphie ô combien complexe. Avec Fo.ur.mi, le public apprend qu’il faut simplement placer la victime sur le côté en chien de fusil en glissant quelque chose sous sa tête.” Dispensées par des professionnels de l’urgence (médecins, infirmiers, ambulanciers…) à destination du grand public, ces formations courtes reposent sur une pédagogie inductive, ludique et participative. Ainsi les apprenants mémorisent facilement et rapidement les gestes de premiers secours. Et comprennent qu’il vaut mieux mal faire que ne rien faire du tout. L’objectif de Suzanne Tartière ? Former 65 millions de fourmis. Pour ce faire, le concept a été décliné sous de multiples versions et élargi à différents publics (Fo.ur.mi Mini, Fo.ur.mi piscine, Fo.ur.mi électrique avec utilisation du défibrillateur…)

 

Les associations s’engagent sur un temps long

Les associations ne sont pas non plus en reste. Dans le domaine des formations courtes, la Croix-Rouge française fait figure de référence. Là aussi les premières intiatives ont vu le jour il y a plus de 20 ans sous l’impulsion de médecins, dont le docteur Pascal Cassan, médecin conseiller national de l’association. “Ces enseignements, les initations aux premiers secours (IPS), ont été conçus comme des produits d’appel qui visent à sensibiliser les non initiés pour qu’ils suivent des formations au secourisme, comme le PSC1″, explique Christophe Talmet, responsable de la formation à la CRF. L’offre s’est depuis largement étoffée avec des initiations aux premiers secours aujourd’hui proposées aux enfants (IPSEN), des modules de sensibilisation et de prévention à la réduction des risques destinés entre autres à un public senior… Loin d’attendre le public, la Croix-Rouge a également engagé des actions itinérantes, comme la caravane des premiers secours qui intervient sur des plages estivales depuis près de 15 ans. Pour attirer un public jeune et familial, l’association innove en proposant pour la première fois cette année, le Previc : une initiation sous forme d'”Escape Game” qui vise à prévenir des accidents de la vie courante. Autre développement prévu : un module d’urgence sociale sera testé dès cet été. Objectif : sensibiliser le public à pouvoir venir en aide, via des organismes sociaux, à un public fragilisé par la précarité (SDF, femmes battues, etc.) Avec un dessein toujours aussi noble : éveiller les consciences pour que la solidarité puisse s’exprimer…    

 

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