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Quelles réponses de la Sécurité civile face aux nouvelles menaces ?

Le 20 janvier dernier, le préfet Laurent Prévost, directeur général de la Sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC), répondait à l’invitation du Haut comité français pour la défense civile (HCFDC) lors de ses traditionnels « petits-déjeuners de travail ». L’occasion de faire le point sur les réponses et les projets de la DGSCGC face aux nouvelles menaces qui planent sur le territoire français.

Certes, les actes terroristes qui ont frappé la France en 2015 marquent un tournant considérable pour les forces de sécurité intérieure. Mais ces attaques ne sont pas les seules à avoir fait entrer la DGSCGC et ses acteurs associés dans un nouveau paradigme. Inondations majeures aux conséquences décuplées, changements climatiques impactant l’occurrence des feux de forêts, nécessité d’améliorer la résilience de la population, notamment en la formant aux gestes qui sauvent, sont autant de défis auxquels les instances de pilotage des acteurs du secours sont, ou seront, confrontées. Le décor une fois planté, quelles sont les réponses que la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises propose ? 

 

Préserver et revaloriser les ressources humaines

C’est le premier axe développé par le préfet Laurent Prévost.  « La sécurité civile française repose sur la mixité des forces humaines, explique ce dernier. Sapeurs-pompiers, associations, mais également réserves communales de sécurité civile ou comités communaux feux de forêts, pour ne citer qu’eux, représentent une réelle force, mais demandent une vigilance quant à leur renouvellement et à la préservation de leur vivier de recrutement ». C’est en veillant au maintien, et à l’entretien, du maillage territorial des acteurs du secours que la réponse de sécurité civile fonctionne au quotidien. « Et c’est parce que nous sommes capables de gérer au quotidien que nous pourrons faire face à l’exceptionnel », affirme Laurent Prévost.

Développer une réserve nationale d’experts de sécurité civile

Outre l’écriture d’un plan d’actions pour le volontariat et l’adoption en novembre dernier de la proposition de loi visant à améliorer la condition des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires, le travail sur la préservation et la revalorisation des ressources humaines continue. « Nous cherchons de nouveaux viviers, sans siphonner celui des sapeurs-pompiers ou des associations », explique le préfet. Pour ce faire, les réserves de sécurité civile deviendront un enjeu important dans un proche avenir. Relancer l’animation des réserves communales qui existent déjà est un premier axe. Mais la DGSCGC souhaite aussi créer une réserve nationale d’experts de sécurité civile. Celle-ci serait composée de « jeunes retraités des fonctions publiques », souvent motivés, même après une longue carrière, pour continuer à mettre leurs compétences au service de l’Etat.

 

Adapter les réponses opérationnelles

Quand les risques évoluent, les réponses doivent évoluer elles aussi. Avec le risque lié aux attentats, la volonté de la DGSCGC est désormais de bien faire comprendre que l’on ne peut plus raisonner en terme de chaîne policière d’un côté, et de chaîne de secours de l’autre. « Ces deux forces doivent désormais s’entraîner régulièrement pour bien fonctionner ensemble », insiste Laurent Prévost. Le risque de sur-attentat est aussi pris très au sérieux et « ne doit pas se limiter à des circulaires et des doctrines ». Enfin, il s’avère nécessaire de bien préciser le rôle des forces de secours, notamment des associations, dans le cas d’épisodes qui s’inscrivent dans la durée (comme par exemple l’attentat du Bataclan). Si de nombreuses mesures adaptatives ont vu le jour dans le cadre d’attentats terrestres, un travail est actuellement mené pour développer son pendant maritime, afin de disposer d’une capacité d’intervention nationale sur les navires.

 

 

Des communes à l’Etat

Sortir de la logique d’addition des politiques départementales. 

L’approche capacitaire est aussi source de réflexion de la part de la DGSCGC. « 100 SDACR (schéma départemental d’analyse et de couverture des risques, ndlr) ne forment pas une unité nationale. Nous voulons sortir de la logique d’addition des politiques départementales », explique son directeur. Ainsi, le contrat territorial de réponse aux risques et aux effets de menaces (COTRIM), offre une réponse capacitaire qui ne se limite pas aux frontières des départements. Testé dans les zones de défense et de sécurité de Paris et du sud-est, il devrait être, suite à la volonté exprimée du Premier ministre, Bernard Cazeneuve, étendu à tout le territoire national.

 

Les citoyens concernés

Dans la logique de la Loi de modernisation de la sécurité civile de 2004, inscrivant la volonté de faire du citoyen le premier acteur de sa sécurité (mais pas vraiment suivie d’effets jusqu’à aujourd’hui), la grande cause nationale « Adoptons les comportements qui sauvent » a permis de relancer la dynamique de formation de la population. « Mais il faut passer de l’effet « one shot » à une formation sur la durée, et de masse », alerte Laurent Prévost.

Piloter plutôt que subir.

D’importants chantiers sont en cours à ce sujet, notamment avec l’Education nationale. Enfin, il s’avère aujourd’hui important d’être en mesure d’alerter la population en cas de sinistre majeur. De nombreux outils, notamment numériques, sont en train de voir le jour. Faisant part de prudence face à ces outils numériques, en particulier les réseaux sociaux, « pratiques, mais sources aussi de fausses rumeurs », le préfet Laurent Prévost alerte sur le fait qu’il vaut mieux « piloter plutôt que subir ». Le développement du Système d’alerte et d’information aux populations (SAIP) est de ce fait en cours, mais les limites de son interaction restent encore floues.

 

 

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